Charlie Hebdo : la classe politique est unanime

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Louis Hausalter , modifié à
RASSEMBLEMENT - Hollande, Sarkozy, Le Pen : tous ont aussitôt appelé les Français à faire front face à l'attentat qui a frappé le journal satirique, mercredi.

Les drapeaux français des principaux lieux de pouvoir - Elysée, Matignon, Assemblée nationale, Sénat - ont été mis en berne mercredi après-midi. A l'image d'une classe politique endeuillée. Car après l'attentat meurtrier qui a frappé l'hebdomadaire Charlie Hebdo, rarement le petit milieu politique français, si prompt à se déchirer sur toutes sortes de sujets, aura fait preuve instantanément d'une telle unanimité.

Dès l'annonce du drame, les réactions d'indignation et de soutien ont afflué sur Twitter. Et quelques instants plus tard, dans les textes des communiqués comme sur les plateaux télé et radio, les personnalités politiques de tous horizons ont unanimement condamné cet acte et appelé à l'unité nationale, tandis que plusieurs initiatives communes ont été lancées.

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Hollande sur le terrain. L'exécutif s'est rapidement mobilisé. Les journalistes présents à l'Elysée ont vu François Hollande dévaler le perron du palais présidentiel, suivi de son conseiller en communication, et s'engouffrer dans son véhicule afin de se rendre sur les lieux du drame. Le président a tenu à occuper immédiatement le terrain, prenant la parole une fois arrivé sur place, accompagné du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. "Il faut faire bloc, montrer que nous sommes un pays uni", a déclaré François Hollande à la presse.

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Une "marche républicaine" organisée à gauche. Message reçu par la classe politique. A gauche, une initiative commune a rapidement été décidée. Le Parti socialiste, le Parti communiste, les écologistes, le Parti radical de gauche et le Mouvement républicain et citoyen de Jean-Pierre Chevènement ont appelé à une "marche républicaine", samedi à 15 heures à Paris. Cette décision a été prise lors d'une réunion entre plusieurs leaders de ces formations. Le centriste Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, a également appelé sur Europe 1 à "être des millions dans la rue" dès "le week-end prochain".

Sarkozy veut "un front uni". Manuel Valls a convié Nicolas Sarkozy à cette "marche républicaine", a indiqué l'entourage du président de l'UMP. Réagissant en début d'après-midi, celui-ci a repris les termes employés plus tôt par François Hollande, dénonçant la "barbarie" et appelant à "présenter un front uni".

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Unité à l'Assemblée. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a pour sa part publié un communiqué en commun avec tous les présidents de groupes politiques de l’Hémicycle. "Nous affirmons l’union de toutes les forces républicaines pour défendre sans concession et sans faiblesse cette France que nous aimons tant, qui a fait de notre Nation ce qu’elle est et ce pourquoi elle est aimée", écrivent ces responsables allant du Parti communiste à l’UMP.

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Les sous-entendus de Marine Le Pen. Une réaction était très attendue : celle de Marine Le Pen, présidente d'un parti très prompt, particulièrement ces derniers temps, à dénoncer les dangers du fondamentaliste islamique. La leader du Front national a d'abord appelé à la "compassion à l'égard des victimes". Dans une déclaration vidéo, Marine Le Pen a elle aussi tenu un discours d'unité nationale, assurant que "la nation est unie pour dire son attachement viscéral à la liberté d'information et à la liberté de la presse". Elle a aussi condamné d'avance toute "confusion" entre "nos compatriotes musulmans attachés à notre nation et à ses valeurs et ceux qui croient pouvoir tuer au nom de l'islam".

Mais la présidente du FN a aussi estimé que cet attentat devait "libérer notre parole face au fondamentaliste islamique". "Le temps du déni et de l'hypocrisie n'est plus possible", a-t-elle ajouté. Une déclaration en forme d'avertissement au gouvernement, puisqu'elle fait écho à ses propos tenus après les agressions de Joué-lès-Tours et Dijon fin décembre, lorsque Marine Le Pen avait dénoncé des "tentatives de minimiser au maximum les faits".

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Face au pire attentat commis sur le territoire français depuis plus de 50 ans, les politiques font donc pas - ou peu - de place à la polémique. "Le temps des politiques n'est pas encore venu. Ils parleront la semaine prochaine, ils parleront bien assez", observait sur Europe 1 Alain Marsaud, député UMP et ancien magistrat antiterroriste. "A la limite, il faut même qu'ils se taisent".

Dupont-Aignan critique l'exécutif. Certains ont toutefois voulu se démarquer par des propos au ton plus agressif. Quelques instants après la nouvelle de l'attentat connue, le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a fait remarquer sur Twitter que le plan Vigipirate n'était "pas au niveau maximum". "Le gouvernement doit s'expliquer", a-t-il affirmé, réclamant "la suspension de Schengen", responsable selon lui de "la libre circulation des armes de guerre".

Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire, s'est lui aussi fendu de tweets polémiques. "Combien d'autres arrivent ou reviennent formés de Syrie en France à cause de nos gouvernants?", a-t-il notamment écrit.