Ces ristournes dont aurait bénéficié Macron pendant sa campagne

Le 12 juillet 2016, Emmanuel Macron a tenu son premier grand meeting de campagne à La Mutualité à Paris.
Le 12 juillet 2016, Emmanuel Macron a tenu son premier grand meeting de campagne à La Mutualité à Paris. © PATRICK KOVARIK / AFP
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M.Be avec Virginie Riva, du service politique d'Europe 1 , modifié à
La Commission des comptes de campagne a relevé des "promotions exceptionnelles", "au pourcentage anormalement élevé", dans certaines factures de la campagne d'Emmanuel Macron.

La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) "a relevé les promotions exceptionnelles, parfois d'un pourcentage anormalement élevé" accordées par le champion de l'événementiel GL Events à l'équipe de campagne du président, selon L’Obs. Les candidats malheureux à la présidentielle Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé vendredi des "avantages", qui pourraient s’apparenter à du financement illégal de campagne. Quelles sont donc ces ristournes dont aurait bénéficié le chef de l’État lors de sa campagne ? Europe 1 fait le point.

Des meetings au rabais. L'organisation de son premier grand meeting parisien à La Mutualité, le 12 juillet 2016, est en ligne de mire : le prestataire, GL Events - dont le patron est un familier du président - a facturé la location de la salle 25.000 euros, soit 20.000 de moins que pour les candidats PS Benoît Hamon et LR François Fillon, d'après une enquête de Mediapart publiée il y a une semaine. D'autres meetings du candidat Macron ont bénéficié de prix préférentiel, comme celui d'Arras dans l'entre-deux-tours qui a coûté 12.000 euros de moins. 

Des millions de coups de fil à prix réduit. Autre rabais, autre prestataire : l’équipe de campagne de Macron aurait bénéficié d’un geste commercial de 70.000 euros pour six millions de coups de téléphone publicitaires avant le premier tour de la présidentielle, soit une remise de 25% sur le prix initial du contrat. D’après Jean-Luc Mélenchon, contacté par Europe 1, aucune entreprise ne serait prête à lui faire ce devis-là : "Je demande à la compagnie Self Contact si elle accepte de passer six millions de coups de fil à l’occasion d’une de mes prochaines campagnes pour la somme de 320.000 euros (…) car on a posé la question à d’autres entreprises, et on nous a demandé 1,5 million d’euros. Ce n'est pas tout à fait la même somme !"

200.000 euros de ristournes au total. Location de salles, organisation de meetings, matériel divers de campagne : au total, 19 entreprises et entités auraient consenti à faire des réductions de tarifs pour la campagne du président, d’après un recensement du Figaro jeudi. Le total de ces ristournes atteindrait un peu plus de 200.000 euros, selon les différents calculs de L'Obs et du Figaro. Les 19 prestataires concernés ont été sommés de fournir des explications auprès de la CNCCFP. "Remise commerciale", "souci de fidélisation des clients", "remise s'inscrivant dans des grilles tarifaires", ont assuré ces entreprises à la commission ainsi qu'à L'Obs. De son côté, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a fait valoir que LREM avait embauché des professionnels de l’événementiel pour la campagne, capables donc de bien négocier les contrats. 

17 kilos de "fraises Tagada". Autre facture incongrue repérée par L’Obs dans les comptes de campagne d’Emmanuel Macron : un ticket de caisse Haribo qui avoisine les 100 euros. D’après ce ticket, l’équipe de campagne de Macron a acheté 17,8 kilos de bonbons "fraises Tagada" pour un total de 102,80 euros, lors d’un tractage début mars dans le Sud-Ouest.

Le magasin a "offert" une partie de ces marchandises, peut-on lire par ailleurs sur le ticket. Le CNCCFP, qui a demandé des explications sur "le caractère électoral de cette dépense", ne l’a finalement pas retoquée, d’après L’Obs.