Centre : pourquoi Borloo peut le faire

Jean-Louis Borloo a une bonne chance d'occuper un vaste espace politique au cetre droit.
Jean-Louis Borloo a une bonne chance d'occuper un vaste espace politique au cetre droit. © MaxPPP
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Le patron du Parti radical a annoncé mardi la création de l'UDI. Il bénéficie d'auspices favorables.

Jean-Louis Borloo s’est donné une mission difficile, sinon impossible : reconstruire un grand parti du centre. L’ancien ministre de l’Ecologie a officialisé cette volonté mardi, à l’occasion des journées parlementaires du centre, en annonçant la création d'un nouveau parti, l'Union des démocrates et indépendants, (UDI). Depuis l’éclatement de l’UDF en 2007, les centristes sont morcelés en de multiples entités et aucune tentative pour fédérer tout ce beau monde n’a abouti. Mais cette fois pourrait être la bonne pour l’ex-maire de Valenciennes. Les conditions semblent en effet réunies.

• Une concurrence inexistante. Qui dit pléthore de formations dit pléthore de leaders. Alliance centriste, Nouveau centre (NC), Force européenne démocrate (Fed), Parti radical, Gauche moderne, etc. : les mouvements centristes ont essaimé depuis 2007 et la volonté de François Bayrou de créer le Modem, une formation de plus.

Or, au sein de ces partis, aucune personnalité n’a émergé. Hervé Morin, ex-ministre de la Défense, plombé par sa candidature ratée à la présidence et des dissensions internes d’une rare violence au NC, est plus seul que jamais. Jean-Christophe Lagarde (FED), Jean Arthuis (Alliance centriste) ou encore Jean-Marie Bockel (Gauche moderne) ne semblent avoir ni la stature ni la notoriété pour endosser le costume de leader. Quant à François Bayrou, ses défaites électorales de 2012 l’ont condamné à une durable traversée du désert.

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• La double chance de Borloo. Autrement dit, le boulevard est grand ouvert pour Jean-Louis Borloo. Le président du parti radical a la double chance de profiter de son aura d’ancien ministre d’Etat, tout en étant parti assez tôt du gouvernement pour ne pas avoir subi les conséquences de la droitisation de l’UMP et des défaites électorales de 2012. Son éviction du gouvernement en novembre 2010, alors qu’il était pressenti pour Matignon, lui aura finalement fait le plus grand bien.

• Une volonté collective. Jean-Louis Borloo a réussi un premier tour de force à l’Assemblée, qui peut inciter ses partisans à l’optimisme. L’ex-ministre est parvenu à réunir sous la même bannière, celle de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), la quasi-totalité des députés centristes. Une adhésion comme un pacte fondateur de la formation à venir. Au total, 29 élus sont prêts à incarner ensemble une force d’opposition alternative à l’UMP.

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Car aujourd’hui, tous, même les ennemis d’hier, sont prêts à collaborer. "Dans la même formation politique, on n’est pas tous obligés de s’aimer, mais on doit tous vivre ensemble", confiait récemment Jean-Christophe Lagarde à Europe1.fr. "Il faut créer un nouveau parti pour sortir de l'impasse et mettre un terme à cette ­spirale calamiteuse de l'échec", estime de son côté Jean Arhuis dans Le Figaro.

• Une UMP en difficulté. Les difficultés du centre ces cinq dernières années s’expliquaient aussi par l’omnipotence de l’UMP sur la droite et le centre-droit. Mais la droitisation de l’ex-parti majoritaire et la défaite de Nicolas Sarkozy ont changé la donne. D’autant que l’UMP est désormais lancée dans une guerre des chefs destructrice, critiquée jusque dans ses rangs. Pour les centristes, il faut profiter de l’aubaine, avant que l’UMP ne parvienne à se réorganiser. Jean-Louis Borloo semble l’avoir parfaitement compris.