Ce remaniement qui effraie les ministres

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et Ludovic Fau , modifié à
COULISSES - Si le président voulait mettre son gouvernement sous pression, c’est réussi.

Contexte. Dans un entretien accordé à Paris Match, François Hollande a acté l’idée d’un remaniement. "Un jour, des choix et aménagements auront à être faits", a assuré le chef de l’Etat, qui a pris soin de préciser que "personne n'est protégé dans le gouvernement. Personne n'a d'immunité". Depuis, dans les ministères, on tremble.

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François Hollande Jean-Marc Ayrault reuters 930620

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Le coup de balai, "il en a le pouvoir !" Chaque mot de François Hollande est pesé et réfléchi. Sa sortie dans l’hebdomadaire a donc provoqué beaucoup d’inquiétude au gouvernement, à l’exception de Matignon, où Jean-Marc Ayrault semble certain de prolonger son bail. Plus encore que de l’inquiétude, la panique a gagné certains cabinets ministériels. Certains conseillers parlent carrément de "douche froide" ou de "coup de massue". "Ça donne l’impression que le président est prêt à faire le ménage. Et contrairement à Mélenchon qui ne peut que parler de coup de balai, eh bien François Hollande, lui, il en a le pouvoir !", a confié le collaborateur d’un ministre à Europe 1. Un autre conseiller demande des informations sur l’avenir de son patron…

Ceux qui ont anticipé. Si seul François Hollande a la main sur le dossier, certains n’hésitent pas à faire leur autopromotion. Convaincre et séduire le patron. On pense à l’interview dans Elle et au reportage photo dans Paris-Match pour Aurélie Filippetti,  aux visites de terrain, avec caméras, de Marylise Lebranchu ou encore à la montée en première ligne dans les médias de Pierre Moscovici, qui se déplacent désormais avec des journalistes derrière lui. Reste les ministres philosophes, comme ce poids lourd du gouvernement, qui confie à Europe 1 que "ça ne sert à rien de s’inquiéter. Le meilleur moyen de garder son poste, c’est de faire le job". Excès de confiance ? Ce serait une erreur car un conseiller de l’Elysée le confie : "les états d’âmes, les cafouillages, c’est terminé. Nul n’est irremplaçable. Maintenant, le Président veut des résultats!"

Dominique Bussereau

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"La période d’attente est pire que tout " Dominique Bussereau, ancien ministre UMP, a connu cette période d’attente à plusieurs reprises lorsqu’il faisait partie du gouvernement Raffarin, Villepin puis Fillon. Il s’en souvient pour Europe 1 : "la période d’attente est pire que tout. Cela entraîne une sorte de paralysie. Plus personnes ne vous appelle, plus de mails, de fax…Les déplacements sur le terrain s’espace. En conseil des ministres, on se dit ’peut-être à la semaine prochaine’. Certains prennent avec le petit morceau de carton qui indique leur place en disant ‘je l’aurai en souvenir si je ne suis pas là la semaine prochaine.’ Et dans cette période, personne ne veut prendre de risque, et la machine de l’Etat fonctionne tout doucement."

Remanier, c’est entamer une seconde séquence politique. Menacer de remanier, c’est aussi un moyen d’affirmer son autorité. "C’est un bon moyen de donner une sainte trouille à pas mal de ministre", confirme Dominique Bussereau, car "on a moins d’appétence à aller dans les médias, cela conduit à un certain silence radio. Et puis c’est un bon moyen vis-à-vis de certains députés socialistes, qui piaffent de rentrer au gouvernement, de leur dire : ‘attention à la façon dont vous vous comportez si vous voulez faire partie du prochain gouvernement.’"