Ce qui se disait, en off, à l’Élysée sous Sarkozy

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Le Canard Enchaîné et Atlantico révèlent des extraits des enregistrements clandestins attribués à Patrick Buisson, conseiller de Sarkozy.

L’info. Le Canard enchaîné et le site internet Atlantico publient mercredi plusieurs extraits d'enregistrements d'échanges entre Nicolas Sarkozy et ses conseillers réalisés à leur insu en 2011 par son conseiller controversé Patrick Buisson. Le 26 février 2011. Le site Atlantico met en ligne notamment les enregistrements sonores et les verbatims d'au moins quatre enregistrements, dans le contexte d'une réunion de Nicolas Sarkozy et de ses conseillers le 26 février 2011 à la Lanterne à Versailles consacrée au remaniement.

"Remplacer (le Premier ministre François) Fillon par (Jean-Louis) Borloo, c'est grotesque", déclare par exemple Nicolas Sarkozy lors de la réunion. "Y'a qu'une seule personne qui pourrait remplacer Fillon aujourd'hui, c'est Juppé. Je m'entends très bien avec Alain...Même si Fillon n'est pas décevant, il est comme on le sait."

"Rien à foutre de l'intégration". À la suite de cette réunion, Patrick Buisson fait un debriefing avec le conseiller et publicitaire Jean-Michel Goudard, où ils constatent que "sans nous", Sarkozy ne prend "jamais" de décision . Patrick Buisson y va également de son commentaire sur le discours du chef de l’État, préparé pour annoncer le remaniement. Et la ligne droitière de dite "Buisson" se profile alors : le recul de l'immigration oui, l'intégration, on n'en a pas besoin.

"Il est gentil Nicolas. Quand il a un discours bouclé, il veut encore rajouter un truc sur le rassemblement, et caetera, entre toi et moi, rien à foutre", lance Buisson.  "Rien à foutre de l’intégration non plus. Au moment où il en sera arrivé 500.000 de plus, on aura pas encore intégré les six millions qu’on a", a également lâché Jean-Michel Goudard.

Patrick Buisson le reconnaît d'ailleurs : il n'est pas franchement "Gaulliste" : "moi je suis le fils d’un Camelot du roi. Je suis monarchiste, je suis royaliste. "

"Guéant connaissait les affaires".  Parmi les citations qui devraient faire grincer des dents, une sur Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, qui allait devenir ministère de l'Intérieur. Il est alors question de sa connaissance des "affaires". "Parce que tu vois l’avantage de Guéant, là depuis trois mois, c’est qu’il connaissait un petit peu les dossiers, notamment pour les affaires auprès du parquet. Il se mouillait un petit peu. Il va falloir expliquer tout ça à Musca (son successeur), et vite hein parce que…", lâche Patrick Buisson. "Guéant, il boit du petit lait, mais il fouette (de devenir ministre de l'Intérieur)… Il nous aura bien servi sur les dossiers sensibles (sic)", lance-t-il encore.

Brice Hortefeux

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Ces ministres "archinuls". Jean-Michel Goudard et Patrick Buisson se repassent ensuite le fil de la réunion à l'Elysée. "Comme MAM [Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères, NDLR], Bachelot [Roselyne Bachelot, ministre de la Solidarité, NDLR], ou encore mon ennemi intime Darcos [Xavier Darcos, ancien ministre du Travail, NDLR]", "tu découvres à la tête de la République des ministres nuls", déclare Jean-Michel Goudard, pour qui "Bachelot" ne dit même "que des conneries". "Archinuls", lui répond Patrick Buisson.

Moins acerbe, Nicolas Sarkozy lui même y est allé de quelques commentaires, selon le Canard. "Quand je pense que j'ai imaginé que MAM pourrait faire un bon Premier ministre. Elle a de la gueule, elle fait bien devant le drapeau. Mais c'est que de la fumée", aurait ainsi lancé l'ancien chef de l’État. Et au sujet de Brice Hortefeux, qu'il avait imaginait un temps à la Défense : "Il y a les perspectives judiciaires. Un ministre de la Défense condamné pour injure raciale..." Ou encore : "Brice dit que le sentiment d'insécurité a régressé. Toutes les études montrent que ce n'est pas vraies".  

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