Ce que ses proches disent de Hollande

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et Antonin André , modifié à
CONFIDENCES - Pour la première fois, deux hommes de l'ombre du président s’expriment.

A quoi peut-il bien penser ? Un an déjà que François Hollande a accédé à la fonction suprême. Un an de difficultés, de critiques. Mais en ce lundi 6 mai, le président ne dira rien. Ses proches parlent pour lui.

Le feu vert du patron. Attaqué de toutes parts, au plus bas dans les sondages, fragilisé par une majorité qui n’hésite pas à le critiquer publiquement, François Hollande peut toutefois compter sur le soutien de quelques fidèles qui, ont accepté, pour la première fois, de se confier à Europe 1. Pourquoi sortir de l’ombre maintenant ? Parce que François Hollande les a autorisé à parler, bien sûr. Une façon détournée de reconnaître ses erreurs.

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Un président qui a de l’autorité… Pierre-René Lemas (photo), secrétaire général de l’Elysée, est entré dans le salon des Français le 16 mai 2012 en annonçant la composition du gouvernement sur le perron de l’Elysée. Depuis, on ne l’a plus vu. Camarade de promotion du président, avec qui il est en contact quotidien, l’ancien préfet récuse l’accusation de manque d’autorité qui frappe le chef de l’Etat , rappelant que ce dernier a réformé parfois en affrontant les états d’âme de sa majorité, comme pour le pacte de compétitivité, la flexisécurité ou son sérieux budgétaire. Trois étendards critiqués… mais votés.

"L’autorité ne veut pas dire passer ses journées à taper du poing sur la table. L’autorité s’exerce par la manière de faire, de décider. Il y a des gens qui ont infiniment plus d’autorité en parlant doucement que des gens qui hurlent", assure-t-il, dans une comparaison implicite avec la méthode Sarkozy.

… mais un président qui s’est trompé. En défendant son patron, Pierre-Remé Lemas livre en creux une des clefs de la présidence actuelle. Le candidat a conquis le pouvoir sur l'anti sarkozysme, au point qu'il s'y est peut-être enfermé. Une erreur dans l'exercice du pouvoir. C'est ce que reconnaît Dominique Villemot, visiteur du soir alimentant le président en notes politiques et économiques. "On avait été très choqué par le comportement de Nicolas Sarkozy qui avait traité son Premier ministre de collaborateur. Mais cela avait caché quelque chose que l’on n’avait pas vu tout de suite : l’évolution des institutions avec le quinquennat. Il n’y a pas d’autorité hiérarchique entre le président et son premier ministre, mais peut-être que le quinquennat doit l’y obliger. On ne l’avait pas vu." Pas si facile de rompre avec l’hyperprésidence…

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"Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup." Cette petite phrase de Martine Aubry, prononcée pendant la primaire socialiste, résume bien une critique faire au président : le manque d’un cap clair. François Hollande a pourtant lancé de nombreuses réformes, mais le service après-vente pêche. Pour Dominique Villemot, cela tient à une erreur majeure : l'Elysée et le gouvernement se sont laissés cadenassés par les technocrates et les experts. "Il y a 30 ans, la droite était bonne gestionnaire et mauvaise en politique, et la gauche était mauvaise gestionnaire et bonne en politique. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Sarkozy est un excellent politique qui a mal géré la France. Et aujourd’hui, on gère bien la France, mais on fait très mal la politique. Il faudrait mettre un peu plus de politique dans les cabinets ministériels", analyse Dominique Villemot.

La présidence, ça vous change un homme ? Oui, incontestablement. Premier constat, futile : François Hollande a repris quelques kilos. Autre évolution : il vit un peu plus à l'Elysée depuis la guerre au Mali, et un peu moins chez lui dans le 15e arrondissement, même s'il essaye d'y passer la moitié de ses nuits. C’est tout pour le changement, assurent ses proches. Pierre-René Lemas, insiste juste sur une peur qui guette le président : celle de se laisser enfermer, isoler par le pouvoir. "Ce n'est pas un secret, mais si ça l'est, je vous le dis : il aimerait beaucoup pouvoir, dans les semaines, les mois qui viennent, multiplier les occasions de rencontrer les Français. Ça lui manque un peu. Je sais qu'il en a l'intention. Vous savez, de temps en temps, le Président ne dit rien à personne et il va se balader, il rencontre des gens."