Ce qu'il faut retenir de l’interview de Sarkozy

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DÉCODAGE - Invité exceptionnel d’Europe1 et de TF1, Nicolas Sarkozy a réaffirmé son innocence et dénonce "une volonté de l’humilier".

"Les Français doivent juger de la réalité. Tout est fait pour donner une image de moi qui n'est pas conforme à la réalité". Acculé, Nicolas Sarkozy contre-attaque. Mis en examen pour corruption active, trafic d'influence actif et recel de violation du secret professionnel dans le dossier des écoutes téléphoniques, l’ancien chef de l’Etat a pris la parole pour sa défense, mercredi soir sur Europe1 et TF1. On vous a sélectionné les cinq choses à retenir de sa première interview depuis sa défaite à la présidentielle.

>> L'intégrale de l'interview : 

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Les deux mots: "instrumentalisation" et "humiliation". Je suis innocent, mais attaqué quand même, affirme l’ancien président. Et l’explication de cet apparent paradoxe tient selon lui en un mot, qui est revenu à plusieurs reprises tout au long de l’interview : "instrumentalisation". "La situation était suffisamment grave pour que je dise aux Français ce qu'il en était de l'instrumentalisation politique d'une partie de la justice aujourd'hui", accuse Nicolas Sarkozy. François Hollande, Manuel Valls, Christiane Taubira, Michel Sapin… À l'en croire : tous les membres de l’exécutif sont au courant, voire impliqués, dans les dossiers le concernant. "Les collaborateurs de monsieur Hollande se sont livrés à une exploitation éhontée de mes archives, en violation de toutes les règles républicaines", a même accusé l’ancien chef de l’Etat.

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Résultat de cette "instrumentalisation", selon lui, un traitement de faveur bien particulier que les juges lui auraient réservé, quitte à l'"humilier". "Il y a eu une volonté de m’humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue qui n’est pas un statut normal", dénonce-t-il ainsi.  "Ces motifs d’accusation ont été retenus dans le seul souci de la continuation d’humilier, de m’impressionner, de m’empêcher, de me diffamer", accuse-t-il encore.

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Sa ligne de défense : "je ne connaissais pas les dossiers". L’ancien président avait avant tout un message à faire passer : celui de son innocence. "Je veux dire à ceux qui nous écoutent et ceux qui nous regardent : je n'ai jamais commis un acte contraire aux principes républicains ou à l'Etat de droit", jure-t-il. Et il peut le prouver, en tout cas c’est ce qu’il assure. "Je vais vous en donner la preuve : lorsque je suis arrivé après quatorze heures d’interrogatoire par les policiers, je ne connaissais pas le dossier", assure-t-il.

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"S’agissant de ma mise sur écoute, les Français doivent la comprendre. J’ai été mis sur écoute en septembre 2013, pour des faits supposés d’argent versé par monsieur Kadhafi … absurdes… en 2007, qu’espérait-on revoir de ces écoutes ? Que Monsieur Kadhafi, d’où il est, me téléphona ?", a encore ironisé l’ancien président.

Le ton et les gestes : autoritaires. Nicolas Sarkozy avait un message à faire passer, point. Pendant les vingt minutes d’interview, il a gardé un ton calme, ferme, autoritaire, refusant de répondre à une question s’il n’avait pas terminé sa phrase. Et les gestes ont été joints à la parole : ses mains, encore une fois très mobiles, ont accompagné ses phrases. Le geste "CQFD, tu n’as pas à me contredire" (le pouce contre l’index, en forme de cercle, et les autres doigts en l’air) est d’ailleurs revenu à plusieurs reprises, tout au long de l’interview. 

Geste Sarkozy

Les juges sont avant tout des "dames"…  Le chef de l’Etat semble avoir eu du mal à prononcer la profession des deux juges d’instruction qui l’ont reçu dans la nuit de mercredi à jeudi. Sur les quatre fois où il est venu à en  parler, le mot "juge" n’a été prononcé que deux fois. Le mot "dames", quatre. Florilège :

"Ne pouvait-on pas me convoquer pour que je réponde aux questions des juges ? Devais-je absolument avoir rendez-vous avec les deux dames qui m’ont donné rendez-vous à deux heures. […] Je me suis assis dans le fauteuil face à ces deux damesjuges d’instruction. [...] Ce n’est pas la peine d’avoir de l’agressivité, j’ai eu ce qu’il fallait hier avec ces deux dames".

Son avenir politique : réponse (claire) en septembre.  Outre les affaires judiciaires, l’ancien président a également été interrogé sur son avenir politique, et notamment sur la possibilité pour lui de briguer la présidence de l’UMP en septembre prochain. Sa réponse ? On verra  "à la fin du mois d’aout ou au début du mois de septembre". Et ce même s’il a déjà "longuement réfléchi" : "j’ai longuement réfléchi à ces questions. La question de savoir si on renonce ne se pose pour moi. Pourquoi ? Parce que vis-à-vis de son pays, on a des devoirs, on n’a pas des droits. Et je regarde avec consternation la situation de la France. Je connais l’inquiétude des Français et leurs souffrances".

Poussé en dire un peu plus, Nicolas Sarkozy élude, simplement : "n’anticipez pas la décision que je serai amené à prendre. J’aime passionnément mon pays, et je ne suis pas un homme qui se décourage devant les vilenies et les manipulations politiques".

 

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