Ce débat Copé-Fillon qui ne sert à rien

Dans le camp Fillon comme dans le camp Copé, le débat de jeudi soir ne sera pas déterminant.
Dans le camp Fillon comme dans le camp Copé, le débat de jeudi soir ne sera pas déterminant. © MAXPPP
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Les grands débats électoraux n’ont jamais inversé aucune tendance. En sera-t-il autrement ?

Rendez-vous est pris sur France 2, jeudi soir. François Fillon et Jean-François Copé y défendront leur vision de l’UMP afin de convaincre leurs électeurs. Pourtant, dans les deux camps, on attend finalement assez peu de ce débat. Jérôme Chartier, proche de l’ancien Premier ministre, et Michèle Tabarot, colistière du secrétaire général de l’UMP, l’ont confirmé à Europe1.fr.

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Ils n’en voulaient pas

"Ce sera un moment intéressant, c'est un rendez-vous de vérité entre nous". Ainsi parlait Jean-François Copé au micro d’Europe 1, mardi matin. Pourtant, quoiqu’en dise l’élu de Meaux, lui comme François Fillon se seraient bien passés de ce débat télévisé. Problème : aucun des deux ne pouvait refuser, sous peine d’être taxé de lâcheté par l’autre camp. Et comment justifier l’absence de débat alors que la primaire socialiste – louée par beaucoup, y compris à l’UMP -, a offert cet exercice aux Français ?

A l’UMP, on se souvient également que les débats entre socialistes avaient fourni plusieurs éléments de langage pour la campagne présidentielle. Qui à droite ne s’est pas servi des attaques de Martine Aubry contre François Hollande ? Les électeurs n’ont pas non plus envie de voir leurs leaders s’étriper devant des millions des Français. "Non, ce n’est pas un risque, il n’y aura pas de déchirement car l’adversaire c’est la gauche. Les deux candidats sont d’accord là-dessus", promet Michèle Tabarot.

Ils ne se sont pas préparés

Avant chaque grand débat présidentiel, les deux jouteurs se préparent d’arrache-pied. François Hollande s’était fait préparer un DVD de tous les grands débats de la Ve République, et Nicolas Sarkozy était abreuvé de notes par son équipe de campagne. Rien de tout cela cette fois.

"Fillon se prépare sereinement. Il travaille beaucoup, consulte son entourage pour savoir quelles idées, selon eux, il conviendrait de mettre en avant", explique Jérôme Chartier, assurant qu’il n’y aurait ni "training particulier ni répétition générale".

Il n’y en aura pas non plus chez Jean-François Copé, qui s’accordera toutefois une pause dans la campagne, toute la journée de jeudi, afin de "se concentrer" sur son rendez-vous du soir. "Il connait ses dossiers et a déjà prouvé qu’il est un excellent débatteur", précise sa colistière, qui se rappelle avec gourmandise le duel face à François Hollande, dont Jean-François Copé était sorti grandi.

Un débat ne change rien

"Ils ont soutenu la même politique pendant cinq ans, donc leurs différences sont des nuances. Idéologiquement, ils sont d’accord sur l’essentiel." Jérôme Chartier a tout dit, et Michèle Tabarot dit la même chose, au mot près. "Ce ne sera pas déterminant c’est certain, mais c’est une belle séquence malgré tout pour l’UMP ", consent-elle. Interrogé par Europe1.fr, Frédéric Dabi, directeur adjoint à l'Ifop, rappelle toutefois qu’on est "sur une élection interne, donc sur un segment de population plus homogène sociologiquement et idéologiquement. Conclusion : la volatilité du vote est potentiellement plus forte."

Dit autrement, ce sont les caractères qui feront la différence auprès d’un électorat qui se ressemble car "ils ont deux profils très différents", selon Tabarot. La débat entre François Hollande et Martine Aubry dans l’entre-deux tours de la primaire socialiste n’avait en rien fait évoluer le rapport de force du moment. S’il reste donc prudent, parce qu’il se retrouve face à un "Objet Politique Non Identifié", notre sondeur rappelle toutefois qu’il existe "une loi d’airain en matière électorale : un débat n’a jamais inversé une tendance, il a plutôt tendance à la consolider". Dans le camp Copé, on croise les doigts pour faire mentir la tradition.

>> Pour l'éditorialiste Caroline Roux, tout ce débat n'est finalement qu'"un malentendu" :