Cantonales : pourquoi ils n’ont pas voté

© MAXPPP
  • Copié
avec Walid Berrissoul , modifié à
REPORTAGE - Tour de France de l’abstention - record - au premier tour des élections cantonales.

Jamais les Français ne s’étaient aussi peu déplacés. Dimanche, lors du premier tour des élections cantonales, l’abstention s’est élevée à 55,63%. Selon le ministère de l'Intérieur, 11 millions d'électeurs ne se sont pas exprimés à l'occasion de ce scrutin qui concernait plus de 21 millions de personnes. Rencontre avec ces Français qui ne se sont pas déplacés pour aller voter.

"Très déçue par la politique"

L’une de raisons de l’abstention est la déception des Français envers la politique. L’Est de la France, en particulier, a battu des records d’abstention dimanche, avec deux électeurs sur trois qui n’ont pas voté dans le Bas-Rhin. Dans certains quartiers populaires de Strasbourg, plus de 80% des électeurs ne se sont pas rendus au bureau de vote.

Parmi eux, Stéphane, 37 ans, cadre commercial, est exaspéré : « quand on voit la droite qui brouille les pistes, et va sur le terrain de l'extrême droite, la gauche qui est démagogique, accusant la droite d'aller à l'extrême droite, il n'y a rien de concret qui est proposé. Je préfère rester chez moi, c'est un choix volontaire", a-t-il confié au micro d’Europe 1.

Dans l’Ouest, à Nantes, où vit Maria, 63 ans, ancienne employée de banque, le sentiment est le même. "Je suis très déçue de la politique actuelle, de tout bord, rien ne me parle plus, que ce soit à gauche ou à droite. J'ai toujours voté jusqu'à maintenant, c'est la première fois", témoigne-t-elle.

"Rien de concret" selon Stéphane, alors que Maria est "déçue" :

"Je ne sais pas pourquoi on vote"

Au-delà de la protestation des électeurs, les élections cantonales souffrent d’un manque de notoriété et de lisibilité. D’après un récent sondage, plus de la moitié des Français n'était même pas au courant qu'on devait voter dimanche. Deux Français sur trois ignorent même le nom de leur président de région.

A Lyon, dans le Rhône, où moins de 35% des électeurs se sont déplacés, Géraldine confie : "je ne sais pas pourquoi on vote, je ne sais pas à quoi ça sert, il y aurait besoin d'éducation sur le sujet. On ne sait pas pourquoi on vote, quand on vote aux cantonales".

Des enjeux locaux pourtant importants

Ce manque d’intérêt relève pourtant d’un paradoxe, car les prérogatives des départements sont très proches des citoyens. Des sujets du quotidien, comme les routes, les collèges, ou l'aide sociale sont en jeu.

"On n'a pas clairement identifié les enjeux", analyse Cédric Bloquet, directeur général de l'association Civisme et démocratie.

Reste à voir si ce désintérêt se confirmera au second tour, programmé dimanche.