Cannes : Gus Van Sant replonge dans l'adolescence

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Administrator User , modifié à
Il y a quatre ans, Gus Van Sant se penchait sur l'adolescence aux prises avec la violence et la mort dans "Elephant", pour lequel il fut récompensé d'une Palme d'or. "Paranoid Park" poursuit cette exploration, dans un contexte particulier, celui des skateboarders. Le film a été présenté lundi soir à Cannes.

Gus Van Sant revient à Cannes avec "Paranoid Park", un film qui, comme "Elephant" explore l'adolescence, mais à travers, cette fois, le prisme des skateboarders. Pour réaliser cette adaptation d'un roman de l'auteur américain Blake Nelson, qui se spécialise dans des ouvrages plus particulièrement destinés aux adolescents, le cinéaste a une fois de plus eu recours à des acteurs non professionnels. "J'aime travailler avec des non professionnels car je pense faire ressortir des choses qui leur sont instinctives", a expliqué Gus Van Sant lundi lors d'une conférence de presse. C'est ainsi qu'il choisit un jour un adolescent du nom de Gabe Nevins pour interpréter Alex, un lycéen qui, un soir, sera responsable involontairement de la mort horrible d'un vigile, littéralement coupé en deux par une motrice, une image que le cinéaste montre crûment, par une vue en plongée. Comme dans "Elephant", un fait divers morbide sera le prétexte à une étude de moeurs. Van Sant scrute avec sa caméra un visage d'adolescent d'une beauté raphaélite, comme c'était déjà le cas dans "Elephant", suit ses déambulations par de longs travelings coulés ou encore saisit au vol les évolutions des skateboarders du Paranoid Park. L'endroit a été entièrement conçu, de manière illicite, par les skateboarders eux-mêmes, des déclassés sans domicile fixe qui parfois vivent sur place et donnent au lieu une mauvaise réputation. Alex lui-même hésite à le visiter et c'est à la suite d'une virée nocturne d'Alex avec l'un des habitués du lieu que se produira l'incident fatal. Gus Van Sant n'est pas adepte des grands éclats et de l'extraversion. Les tourments que vivent ses adolescents sont intérieurs et le visage d'Alex, en dépit de l'épreuve qu'il traverse et des regards inquisiteurs du policier qui suit l'affaire, serait à la limite de l'inexpressif et du détachement. L'écriture, sur les conseils d'une adolescente qui voudrait bien être sa petite amie, sera pour Alex le moyen de se décharger en partie de sa culpabilité. "Paranoid Park" sortira en France le 5 septembre.