Cambadélis : "Aubry n'a jamais été à la tête des frondeurs"

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INTERVIEW E1 - Le premier secrétaire du PS se refuse à tout triomphalisme, malgré le soutien de la maire de Lille : "ce sont les militants qui trancheront".

L'INFO. Les concurrents sont sur la ligne de départ, et ils sont au nombre de quatre. Le Conseil national du Parti socialiste, sorte de "parlement" interne, a enregistré samedi les motions en vue du 77e congrès du parti, qui se tiendra du 5 au 7 juin à Poitiers. Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire sortant, sera le grand favori. Il était l'invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1-Le Monde-iTELE.

"Etre très largement majoritaire".En réussissant à convaincre Martine Aubry de signer son texte, - sans compter Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls - Jean-Christophe Cambadélis sait qu'il ne risque pas grand-chose, mais pas question de l'avouer : " l'objectif est d'être très largement majoritaire pour que le PS soit définitivement stabilisé et construise enfin son renouveau. C'est une bataille et le congrès, contrairement à ce que tout le monde dit, n'est pas terminé. Il faut respecter toutes les motions et ce sont les militants qui trancheront". Et d'assurer, sans donner de chiffres : "mon objectif est d'être très largement majoritaire".

Son objectif n'est-il pas plutôt de tout faire pour faciliter la réélection de François Hollande en 2017 ? "Il s'agit de faire gagner la gauche. Aujourd'hui, François Hollande est à sa tâche et il n'a pas annoncé sa candidature. Le PS est un parti qui à son identité, ses positions, mais aussi sa solidarité. Le congrès du PS, ce n'est pas ça, c'est le renouveau du PS, essayer de répondre aux défis de notre temps."

"Aubry n'a jamais été à la tête des frondeurs". Quant à l'étrange attelage composé de Valls et Aubry, aux lignes politiques très différentes, "Camba" s'agace : "Martine Aubry se détermine sur le fond. Et Martine Aubry n'a jamais été à la tête des frondeurs, et elle ne les a pas inspirés. Elle a une orientation politique qui lui est propre. Elle a toujours voulu se situer au centre du PS. On aurait voulu qu'elle prenne la tête des frondeurs, mais elle n'a pas voulu. Elle a cherché l'intérêt général du PS, de la gauche et du gouvernement." N'a-t-elle pas, aussi, voulu se protéger alors que le Nord a basculé à droite lors des dernières élections départementales ? "Si vous voulez mon analyse, je ne pense pas que Martine Aubry soit affaiblie dans le Nord. Vous verrez qu'elle sera très majoritaire sur sa motion".

"Sarkozy, c'est le grand diviseur du pays". Après avoir longuement parlé de sa famille politique, Jean-Christophe Cambadélis s'est également exprimé sur celui qui rêve de "l'alternance" - comme il l'a encore répété dans un long entretien au Journal du Dimanche -, Nicolas Sarkozy : "je veux, je veux, je veux… Nicolas Sarkozy, c'est le grand diviseur du pays. Celui qui oppose les uns aux autres dans son propre parti, opposent les Français à tous les niveaux. Son retour s'est fait avec cette logique d'être capable de prendre sa revanche. Il n'est pas le chef de l'opposition, certaines personnalités lui contestent ce titre. Il est le moins bien placé, avec son bilan, pour donner des leçons à l'ensemble de la France".

Quant au nouveau nom de l'UMP, qui devrait devenir "Les Républicains" le 30 mai prochain, le patron du PS rigole : "je trouve cela extraordinaire ! Nicolas Sarkozy est à ce point fasciné par Bush qu'il en reprend le sigle. C'est la droite américaine, les mêmes thèmes. Et ils ont même, avec la Droite forte, le Tea party ! Nous, nous allons rester socialistes."

"Un grand succès pour notre industrie de l'aviation". Interrogé sur la vente de 36 Rafales à l'Inde, le patron du PS s'est félicité du "travail mené par le gouvernement, le ministre de la défense et le président de la République. C'est un grand succès pour notre industrie de l'aviation. Si des pays ont décidé de l'acheter, c'est parce qu'ils ont vu son efficacité au Mali." Alors que le plan Vigipirate est toujours actif en France, le député de Paris a estimé que "c'est une force dissuasive. Cela empêche qu'il y ait d'autres attentats. Il faut garder ce dispositif autant de temps que possible."

>> L'intégralité de l'entretien en vidéo :

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