Cahuzac : une démission qui tombe mal

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Thomas Morel , modifié à
Le départ du ministre du Budget arrive au pire moment, en pleines tractations budgétaires.

La démission de Jérôme Cahuzac est un coup dur pour François Hollande. Le ministre du Budget, qui avait participé activement à sa campagne présidentielle, occupait en effet un poste clé au sein du gouvernement, alors que la France lutte contre la dérive des dépenses publiques. En pleine négociation sur le budget 2014, son départ tombe mal.

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L' "âme" budgétaire de François Hollande. Avec Jérôme Cahuzac, François Hollande perd en quelque sorte son "âme" budgétaire. Proche de Dominique Strauss-Kahn, le ministre du Budget avait rejoint les équipes du candidat Hollande avant l'élection présidentielle. Pour lui, il rédigera un programme budgétaire alliant réduction de la dette publique et investissements massifs.

Depuis l'arrivée au pouvoir des socialistes, le ministre du Budget s'était également imposé comme un incontournable, n'hésitant pas à dire non aux demandes de crédits qu'ils jugeaient dispensables et défendant devant le Parlement le projet de loi de Finances pour 2013, ainsi que deux autres collectifs budgétaires en juillet et décembre.

Les dossiers qui restent en suspens.

Relancer la taxe à 75 %. La situation financière du pays étant ce qu'elle est, Jérôme Cahuzac laisse à son successeur quelques gros dossiers. La taxe à 75 %, en premier lieu. Cette promesse du candidat Hollande, que l'ex-ministre du Budget avait découverte en direct sur un plateau télé, avait été censurée une première fois fin décembre par le Conseil constitutionnel. L'hôte de Bercy devait en présenter une nouvelle mouture dans les jours à venir.

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Où trouver les nouvelles économies pour 2014 ? Du fait de la faiblesse de la croissance attendue cette année (selon la Commission européenne, elle devrait être proche de 0 %), l'Etat devra trouver de nouvelles économies pour tenir ses engagements de réduction des déficits en 2014. Jérôme Cahuzac a ainsi imposé une diète de quatre milliards d'euros à l'ensemble du gouvernement, et cherchait encore six milliards de recettes fiscales supplémentaires. Les réunions avec chaque ministre pour établir les économies possibles, qui venaient juste de débuter, devront être conclues par son successeur.

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Défendre le budget français à Bruxelles. Enfin, le successeur de Jérôme Cahuzac devra reprendre les négociations avec Bruxelles. En échange d'un délai supplémentaire d'un an pour ramener le déficit public sous la barre des 3 %, la France doit présenter courant avril un programme de stabilité de ses dépenses à la Commission européenne. Et celle-ci pourrait, en cas de prévisions trop fantaisistes de la France, imposer des sanctions financières. Bernard Cazeneuve, successeur de Cahuzac au Budget, aura fort à faire pour mener de front tous ces dossiers…