Bientôt des notes éliminatoires au bac ?

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avec Reuters , modifié à
Un rapport remis lundi au ministre de l'Éducation entend lutter contre les erreurs d'orientation.

S'oriente-t-on vers l'instauration de notes éliminatoires au baccalauréat ? C'est du moins ce que défend le président-candidat Nicolas Sarkozy, et son ministre Luc Chatel, à la suite de la présentation d'un rapport de l'Inspection générale sur l'organisation du bac. Selon cette étude, le baccalauréat ne certifie plus un niveau de connaissances dans une filière donnée. Les spécialistes proposent donc différentes pistes pour rendre ses lettres de noblesse au baccalauréat, aujourd'hui "à bout de souffle". Ils préconisent notamment l'instauration de notes éliminatoires.

Éviter les erreurs d'orientation

Cette mesure soutenue par Nicolas Sarkozy vise à mieux orienter les élèves en fonction de leurs compétences. En résumé, la mise en place de notes éliminatoires au bac permettrait d'écarter les profils des "faux scientifiques" ou des "faux littéraires".

Selon les chiffres du rapport, 5% des bacheliers de la filière scientifique et 22,4 % des lauréats de la filière littéraire obtiennent moins de la moyenne à deux de leurs trois matières principales. Le rapport en déduit que la filière S est davantage suivie par les élèves pour sa réputation élitiste que par véritable attrait pour le domaine.

L'entourage du ministre de l'Éducation se défend toutefois de vouloir un bac plus sélectif. "Notre but ne serait pas d'éliminer des candidats mais bien de les réorienter", précise l'entourage de Nicolas Sarkozy. "On pourrait envisager qu'un candidat obtenant moins de 8 ou 9 en mathématiques n'obtienne pas son bac S", précise cette même source. L'idée étant que le candidat "possède un acquis minimum dans les disciplines majeures du baccalauréat obtenu".

Moins de matières optionnelles et facultatives

Le chef de l'État entend également, s'il est réélu, mettre fin à "l'inflation de matières optionnelles" qui expliquent en grande partie la poussée de mentions "bien" et "très bien" dans les séries générales. Selon le rapport, 25,9% des mentions "très bien" en "S", 35% en "ES" et 40,2% en "L" sont attribuées grâce aux épreuves facultatives - musique, dessin, langues vivantes comme l'amharique, le swahili ou le tamoul, etc.

C'est pourquoi Nicolas Sarkozy souhaite revoir la notation de ces matières. "Pourquoi ne compte-t-on que les points au-dessus de la moyenne pour les options ? Pourquoi ne pas ôter des points lorsque les résultats sont médiocres?", interroge son entourage.

Autre proposition : avoir un socle de matières référentes dans toutes les filières. Ainsi, l'histoire-géographie, les langues ou la philosophie pourraient servir de tronc-commun pour l'ensemble des filières. Enfin, les spécialistes remettent sur le tapis la question du contrôle continu qu'ils voudraient étendre à davantage de matières. Par ailleurs, le bac professionnel se déroule en contrôle continu depuis la rentrée 2010.

Supprimer les oraux de rattrappage

Le rapport suggère également la suppression des épreuves de rattrapage, qui peuvent être "pollués par un climat de négociation implicite sur la note nécessaire pour obtenir le diplôme". A la place, le jury se prononcerait après l'examen du livret scolaire du candidat.

Ces préconisations ne sont que des pistes, a pris soin d'insister lundi Luc Chatel, tant la refondation du baccalauréat, maintes fois évoquée par la classe politique française, a suscité de vigoureuses contestations par le passé.                     

Bien entendu, une réforme de cette envergure nécessiterait "une "réflexion partagée très approfondie". Cependant, Luc Chatel précise que "le moment d'une élection présidentielle est particulièrement propice à cette réflexion".