Bernard Cazeneuve : "Manuel Valls défendra avec talent le bilan du quinquennat"

Bernard Cazeneuve livre une longue interview au JDD, samedi.
Bernard Cazeneuve livre une longue interview au JDD, samedi. © Thomas SAMSON / AFP
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M.L
Sans apporter son soutien à son prédécesseur pour la primaire de la gauche, le Premier ministre estime qu'il a été un "acteur majeur" d'un "bon" quinquennat dans une interview au "JDD", samedi.

"Je ne cherche pas à imprimer une marque. Je cherche simplement à bien accomplir ma mission." Dans une longue interview au "JDD", parue samedi, le Premier ministre Bernard Cazeneuve parle peu de lui. "Ce que j'ai vécu place Beauvau restera présent en moi jusqu'à mon dernier souffle", confie-t-il seulement lorsqu'on l'interroge sur son image de "premier flic de France". L'ancien ministre de l'Intérieur s'étend, en revanche, pour vanter le bilan du quinquennat Hollande, dont Manuel Valls a selon lui été un "acteur majeur". Avant de tacler l'électron libre Emmanuel Macron, et le projet "dangereux" de François Fillon.

"Poursuivre et amplifier la tendance". "Nous sommes au troisième mois consécutif de baisse du chômage", rappelle d'emblée Bernard Cazeneuve. "Depuis le début de l'année, il y a 130.000 chômeurs de moins en France. C’est un résultat que nous n’avions pas connu depuis le début de la crise en 2008", martèle-t-il, affirmant que le gouvernement a "démontré qu'on peut réformer sans détruire". Mais le Premier ministre n'avance pas d'objectifs chiffrés, "qui ont pour principale caractéristique de n'être jamais atteints", appelant à "modestement poursuivre et amplifier la tendance".

" Le bilan du quinquennat est bon et nous devons en être fiers "

Quant au bilan du quinquennat, sur lequel une partie des élus socialiste botte en touche, Bernard Cazeneuve estime que les membres de la majorité doivent se montrer "offensifs". "Ce que nous avons accompli pour la solidarité - le tiers-payant, la prime d’activité, le compte pénibilité par exemple - mérite d’être valorisé comme autant de progrès", estime-t-il. "Le bilan du quinquennat est bon et nous devons en être fiers."

Pas de soutien pour la primaire. Lorsqu'est évoquée la primaire de la droite, Bernard Cazeneuve rappelle qu'il est "chef de la majorité et garant de son unité", ce qui l'oblige à "une certaine réserve". Se gardant donc de tout soutien, le Premier ministre estime que "Manuel Valls défendra avec talent le bilan du quinquennat, car il en a été un des acteurs majeurs avec Jean-Marc Ayrault." L'ancien ministre de l'Intérieur s'oppose cependant au candidat à la primaire sur le sujet de l'article 49-3, que Manuel Valls entend supprimer. "Au risque d'être démodé, je considère que le 49.3 peut être utile. Pour qu'il le soit, son usage doit être modéré", estime Bernard Cazeneuve.

" Toute initiative personnelle qui contribue à la division de la gauche la met en danger "

Concernant la candidature d'Emmanuel Macron, hors primaire de la gauche, le Premier ministre est intraitable : "toute initiative personnelle qui contribue à la division de la gauche la met en danger et altère sa capacité à l'emporter". Et de tacler, sans jamais prononcer le nom du fondateur du mouvement En Marche ! : " l’histoire jugera très durement ceux qui, par obsession de leur destin ou de leur ego, ne l’auront pas compris." Se disant "inquiet de voir (sa) famille disparaître", Bernard Cazeneuve "appelle chacun à bien regarder la différence entre ce que nous faisons et ce que propose la droite."

À droite, le Premier ministre affirme qu'il "respecte" François Fillon, "un conservateur qui s'assume". "Son projet est dangereux. Il est dangereux pour l’État et les services publics, pour la solidarité, pour l’égalité des droits", estime-t-il. "François Fillon est le candidat d’une droite pour laquelle 'réforme' veut dire 'recul', et 'modernisation du pays' signifie 'destruction de notre modèle social'".  Bernard Cazeneuve affirme pourtant qu'il ne "tape sur personne". "Je suis simplement un Premier ministre qui a des convictions, et j'entends les exprimer."