Bernard Cazeneuve : "l’amnésie est un moteur de la politique"

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VDM , modifié à
L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve demande à Emmanuel Macron de ne pas faire preuve "d'amnésie". 
INTERVIEW

Bernard Cazeneuve a un petit message pour Emmanuel Macron. Après avoir raconté ses 150 jours à Matignon (de décembre 2016 à mai 2017) dans un livre, Chaque jour compte (Éd. Stock), le dernier Premier Ministre de François Hollande conseille au chef de l'État actuel de ne pas faire preuve "d'amnésie". 

"Il y a des choses qu'on doit pouvoir assumer". "Emmanuel Macron a été quatre ans et demi" à l’Elysée et au gouvernement, rappelle Bernard Cazeneuve, jeudi matin sur Europe 1. "Parfois, l’amnésie est un moteur de la politique mais moi, je ne suis pas amnésique. Surtout quand on dit tous les jours sur tous les sujets 'J’assume', il y a des choses qu’on doit pouvoir assumer quand elles correspondent à une réalité". Une sortie qui correspond à un reproche récent de l'exécutif. 

La mise au point de Cazeneuve... L’Etat devra rembourser aux grandes entreprises 10 milliards d’euros en raison d’une taxe de 2012 que la justice a invalidée. La preuve de "l'amateurisme juridique" du quinquennat précédent, selon le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. "Lorsque nous sommes arrivés en situation de responsabilité en 2012, il y avait deux contentieux qui étaient sur la table. Un contentieux dit pré-compte immobilier et un contentieux sur l'organisme de placement collectif en valeurs mobilières. Ça représenterait à peu près 9 milliards", explique ce jeudi Bernard Cazeneuve. "Il a fallu trouver une recette. Cette recette, ça a été les 3% sur les dividendes des entreprises dont il est question aujourd'hui. La censure porte non pas sur le texte du gouvernement mais sur un amendement qui a été présenté au Parlement".

... et à la fin de l'envoi, il touche. Toujours sur un ton extrêmement calme, Bernard Cazeneuve adresse ensuite un conseil en guise d'admonestation au pouvoir actuel. "J'ai le plus grand respect pour ceux qui ont contribué à l'élaboration de cette décision", glisse-t-il avant continuer, encore plus ironique : "Il y avait un homme qui n'était pas un amateur à l'Élysée, qui était secrétaire adjoint, qui était en charge de toutes les questions budgétaires, fiscales et économiques, qui s'appelait Emmanuel Macron". "Il y avait comme directeur adjoint du ministre de l'Économie, en charge de la fiscalité des entreprises, un homme de grande qualité qui s'appelle Alexis Kohler - [actuel secrétaire général de l'Élysée, ndlr]. Il y avait des parlementaires qui ont voté ce texte parmi lesquels figurait un homme qui s'appelle Castaner". "Je crois", conclut Bernard Cazneuve, "qu'il faut éviter ce type de propos qui sont une forme d'abaissement de la parole publique".