Bayrou : l'affaire Benalla, "une instrumentalisation politique"

François Bayrou estime qu'il n'y a pas "d'affaire d'État" avec l'affaire Benalla.
François Bayrou estime qu'il n'y a pas "d'affaire d'État" avec l'affaire Benalla. © Thomas Samson / AFP
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avec AFP , modifié à
Pour François Bayrou, qui était parti du gouvernement après des soupçons d'emplois fictifs au MoDem, estime qu'il y a une "disproportion surprenante entre les faits et le maelström médiatique et politique que nous vivons".

Le président du MoDem, François Bayrou, ne voit pas "d'affaire d'Etat" mais plutôt "une instrumentalisation politique" dans l'affaire Benalla. C'est ce qu'il raconte ce week-end au journal Le Monde dans une interview, disant ne "jamais" regretter son alliance avec Emmanuel Macron mais plaidant pour "réfléchir plus profondément à l'équilibre des pouvoirs".

Disproportion. "Il y a une disproportion surprenante entre les faits tels qu'ils apparaissent au fil des auditions et le maelström médiatique et politique que nous vivons. Il y a eu sans aucun doute le 1er mai une faute individuelle de la part d'un collaborateur du président de la République, une organisation de l'Elysée qui n'était pas assez rigoureuse et un retard dans les sanctions à prendre. Mais cela n'en fait pas une affaire d'Etat", déclare l'ancien ministre de la Justice, qui était lui-même parti du gouvernement après l'ouverture d'une enquête sur des emplois fictifs du MoDem au Parlement européen.

Une organisation plus rationnelle de l'Élysée. Cette affaire n'illustre-t-elle pas un excès du présidentialisme qu'il dénonçait dans le passé ? Le dirigeant centriste juge que "la présence de monsieur Benalla à l'Elysée lui a ouvert beaucoup de portes" car "dans l'inconscient monarchique français, l'Elysée est investi de pouvoirs d'autant plus fascinants qu'ils sont mystérieux". "Une organisation plus rationnelle doit permettre de lever tous ces fantasmes et de mettre de l'équilibre dans la manière dont le travail de l'Elysée est compris", selon lui.

Une "démarche civique" de la presse. Comme on lui demande si Emmanuel Macron n'a pas alimenté la défiance et le soupçon en attendant les révélations de la presse pour se séparer de son collaborateur, le patron du MoDem acte une "démarche civique" de la presse qui "révèle ce qu'elle découvre" mais fustige "l'ère du soupçon universel" et "une sarabande de dénonciations" alimentées par "les réseaux sociaux, les télévisions en continu, les fuites des enquêtes". Pour expliquer la genèse de cette affaire, François Bayrou met en avant "des rivalités entre polices, ou à l'intérieur des différentes polices" et "une instrumentalisation politique", où "ceux qui exerçaient le monopole du pouvoir depuis des décennies essayent de déstabiliser le nouveau président".

Macron "inutilement western". S'il a "trouvée inutilement western" la formule présidentielle "qu'ils viennent me chercher", le maire de Pau "ne voi(t) pas un homme tenté par l'ivresse de toute-puissance". Quid de la réforme institutionnelle ? "Il faut reprendre tout cela sur des bases nouvelles. Nous avons besoin de réfléchir plus profondément à l'équilibre des pouvoirs, à la représentativité des assemblées parlementaires, à la garantie apportée aux libertés publiques ou encore à l'organisation des débats en temps de démocratie médiatique", défend-il.

"Les orientations proposées sont justes". François Bayrou ne regrette "jamais" son alliance avec Emmanuel Macron. "Il m'arrive d'être impatient, d'être exigeant. Je voudrais que soit plus affirmée la dimension sociale. Mais j'ai la certitude que nous vivons une époque cruciale, et que les orientations proposées, par exemple à l'éducation nationale, sont profondément justes".