Bangkok : un climat d'entente

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Administrator User , modifié à
Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, réuni cette semaine à Bangkok, a finalement approuvé un rapport à l'attention des décideurs politiques sur les actions à mener pour juguler le changement climatique. Selon les experts réunis sous l'égide de l'Onu, il faudra réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre dans les 50 prochaines années pour contenir le réchauffement climatique mais cet effort ne coûtera qu'une petite fraction du PIB mondial, selon un rapport approuvé par des experts réunis sous l'égide de l'Onu.

Les délégués du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) se réunissent pour la 3ème fois cette année pendant cinq jours à Bangkok. A Paris, en février, le point à été fait sur les recherches scientifiques et à Bruxelles, début avril, les experts s'étaient interrogés sur les conséquences du réchauffement climatique. De ces deux précédentes réunions il était ressorti, d'une part qu'il était quasiment certain que l'être humain était à l'origine directe de ce changement climatique, d'autre part que ces évolutions pourraient engendrer famine, sécheresse, canicule et montée du niveau de la mer. A Bangkok, les experts du GIEC ont finalement approuvé un rapport à l'attention des décideurs politiques sur les actions à mener pour juguler le changement climatique. Chine et Europe se sont affrontées pendant cinq jours sur les coûts et les niveaux d'émissions de gaz à effet de serre tolérables. La Chine, 2ème émetteur mondial de gaz à effet de serre après les Etats-Unis, souhaitait que le rapport du GIEC ne comporte aucun scénario de stabilisation des émissions à un niveau proche de celui d'aujourd'hui. Au final, le document dresse un bilan des dernières recherches sur le coût et les moyens de réduire les émissions à effet de serre. Dans le troisième d'une série de documents, les experts estiment que le coût d'une limitation à 2°C de la hausse des températures ne dépasserait pas 0,12% du PIB mondial. "C'est un prix peu élevé pour réduire le risque d'une dégradation climatique majeure", a déclaré vendredi à Reuters Bill Hare, conseiller de Greenpeace et coauteur du rapport, à l'issue de pourparlers qui ont dépassé les quatre jours prévus au départ. "C'est un grand rapport, très vigoureux, qui montre qu'il est économiquement et techniquement possible d'obtenir des réductions d'émissions assez importantes pour limiter le réchauffement à 2 degrés", a-t-il dit. "Cela montre que les coûts induits sont tout à fait modestes." Pour tenir l'objectif de 2 degrés, les spécialistes jugent nécessaire une réduction de 50 à 85% des émissions de dioxyde de carbone (CO2) d'ici à 2050, dit le rapport. Cependant, les progrès technologiques - en particulier ceux qui permettront de produire et de consommer l'énergie plus rationnellement - font penser que des objectifs de cet ordre sont réalisables, notent ses auteurs. Le document met en évidence le rôle des énergies nucléaire, solaire et éolienne, de bâtiments et de modes d'éclairage plus économiques, ainsi que les moyens de filtrer le dioxyde de carbone rejeté par les centrales à charbon, les plates-formes pétrolières et gazières. Le rapport précise aussi que, dans certains cas, l'évolution technique peut engendrer des avantages substantiels, par exemple en réduisant les dépenses de santé par la lutte contre la pollution, dit le rapport. Le fait de modifier les dates de semis ou de repiquage dans les rizières, ou de mieux organiser l'élevage des bovins et des ovins, pourrait réduire les émissions de méthane, autre gaz à effet de serre puissant, font valoir les experts de l'Onu, qui s'appuient sur les travaux de 2.500 chercheurs. Les experts notent aussi pour la première fois que des changements de mode de vie peuvent contribuer à la lutte contre le réchauffement planétaire. Ils ne donnent pas d'exemples mais Rajendra Pachauri, président du GIEC, a mentionné à titre personnel le fait de baisser le thermostat et de manger moins de viande rouge, ce qui pourrait réduire les émissions de gaz par les animaux. Au final, le document du GIEC est un guide sur lequel peuvent s'appuyer les Etats mais qui ne leur dicte pas de politique précise. Le message n'en est pas moins clair - la balle est dans le camp des gouvernements et les retards ne sont plus acceptables.