Baisse des dotations de l'Etat : "On met le pays en danger"

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Patrice Bessac, maire PCF de Montreuil, en Seine-Saint-Denis. © EUROPE 1
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T.M.
Invités d'Europe Nuit, les maires de Montreuil, en Seine-Saint-Denis et de Castets, dans les Landes, ont exprimé leur colère face à la baisse des dotations de l'Etat à leurs communes.
INTERVIEW

Le gouvernement doit faire face à une nouvelle fronde : celles des maires de France. Réunis en congrès annuel depuis mardi, ils dénoncent la baisse des dotations de l'Etat. Parmi les communes les plus touchées dans le sud-ouest, Castets, dans les Landes, où les dotations ont été divisées par six en deux ans.

"Je trouve ça scandaleux". "Je ne décolère pas, je trouve ça scandaleux", lâche le maire MoDem de la commune, Philippe Mouhel, qui n'hésite pas à parler "d'injustice".  "On nous demande de fonctionner aujourd'hui avec cette petite somme de 30.000 euros. Castets, c'est 2.000 habitants. Ça fait donc 15 euros par habitant. C'est vraiment très très peu."

Les services publics, "ça a un coût". Philippe Mouhel fait notamment valoir le nombre d'entreprises sur place, les activités culturelles présentes à Castets, autant d'atouts économiques qui devraient valoriser la commune. "J'ai une spécificité : j'ai autant d'emplois que d'habitants, alors tant mieux, je suis envié par beaucoup, mais tous ces emplois sont des nuisances : il faut une station d'épuration qui va avec, ce sont des camions qui circulent dans mon village, donc c'est normal que j'ai des frais. J'ai des créations de classes chaque année, donc voilà, je suis plutôt un maire heureux : j'ai un village qui se développe, je ne crache pas dans la soupe. Mais le fait de se développer nous demande de mettre des services publics en place. Et ça a un coût. Une école de musique, ça a un coût et ça ne rapporte pas. Mais c'est normal de pouvoir offrir ces services à nos concitoyens", explique-t-il.

30.000 euros à trouver. Cette baisse de dotations le contraint ainsi à revoir ses budgets et à différer certains projets d'investissements. "D'autant plus que bien sûr, ce chiffre nous est arrivé très en retard. Et comme nous étions bons élèves, nous avions voté le budget le 30 mars, et nous n'avions pas le chiffre de la dotation. On avait prévu une petite baisse, on s'était dit 90.000 euros. Il faut donc que je trouve 30.000 euros. Donc oui, on baisse les investissements, les frais de fonctionnement partout où on peut, même si on était une mairie très raisonnable. C'est compliqué."

Entendu sur europe1 :
Si on ne construit plus les logements nécessaires pour accueillir les populations, derrière, c'est l'emploi privé, dans le BTP, qui connait une baisse drastique d'activités.

Même constat à Montreuil. Un constat partagé par Patrice Bessac, maire PCF de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, qui a d'ailleurs écrit à François Hollande pour se plaindre de ce désengagement financement de l'Etat. "Entre 2014 et 2017, nous perdrons à Montreuil 25 millions d'euros. Quand on regarde Montreuil, c'est une ville en plein développement. 40 classes doivent être sorties d'ici la fin du mandat. Or, une classe, c'est 700.000 à 800.000 euros. Aujourd'hui, cette baisse brutale des dotations met donc en danger le développement de villes comme Montreuil, mais met aussi en danger le pays. Si on ne construit plus les logements nécessaires pour accueillir les populations, derrière, c'est l'emploi privé, dans le BTP, qui connait une baisse drastique d'activités."

Jeudi, le président de la République est donc très attendu au congrès des maires de France, où il prendra la parole pour la première fois depuis 2012. "Je pense qu'il est vraiment nécessaire que le chef de l'Etat entende les maires", continue Patrice Bessac. "Il ne peut pas venir au congrès sans annonce sérieuse permettant de lâcher du lest". Et des euros...