Avec son livre, Duflot ne se fait pas que des amis

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RETOUR DE BÂTON - L’ex-ministre du Logement, qui dézingue allègrement Hollande et Valls dans A l’intérieur, est vertement critiquée en retour.

Cécile Duflot a la main lourde dans son dernier livre, A l’intérieur, voyage au pays de la désillusion. Mais pour l’ancienne ministre du Logement, le retour de bâton est à l’avenant. Alors que de larges extraits de son ouvrage, dans lequel elle s’en prend notamment à François Hollande et Manuel Valls, ont été diffusés dans Le Nouvel Observateur, les critiques pleuvent désormais sur la chef de file écologiste. Certaines émanent même de son propre camp.

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Cosse élude, Placé charge. Interrogée sur France Info, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, s’est contentée d’un laconique "il faut élever le débat". Jean-Vincent Placé, ancien bras droite et ex-très proche Cécile Duflot, a été plus prolixe sur BFMTV. Le président du groupe écologiste au Sénat a estimé que le jugement de sa camarade était "extrêmement sévère". "Nous avons concouru à faire élire François Hollande en mai 2012, nous avons participé au gouvernement jusqu’il y a encore quelques mois... Nous sommes aussi comptables de ce bilan-là", a rappelé celui qui ne fait guère de mystère de son envie d’être lui-même ministre. "Il est trop tôt pour faire un bilan du quinquennat", a-t-il ajouté, et ce n'est "pas la période pour stigmatiser la majorité, dans la situation où elle se trouve".

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"Un manque de considération" "assez peu élégant". Ses anciennes collègues ministres ne sont pas tendres avec Cécile Duflot. "Je n'aime pas trop cette façon, très rapidement après avoir participé à un collectif…", s’est ainsi agacée Fleur Pellerin sur Europe 1. "On peut être déçu, avoir des reproches à faire" mais "les exposer à des fins politiques à un moment où il va y avoir à nouveau des échéances électorales, je trouve que c'est assez peu élégant", a conclu la secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur.

Pellerin : "Exposer ses reproches comme ça c...par Europe1fr

Même son de cloche du côté de Najat Vallaud-Belkacem. "Aujourd’hui je regrette la posture choisie par Cécile Duflot", a réagi la ministre du Droit des femmes sur BFMTV. "C'est un manque de considération envers la fonction de ministre qu’elle a exercée, c’est un manque de considération envers ses collègues du gouvernement et puis je crois que c’est un manque de considération envers les Français eux-mêmes, elle qui prétend les réconcilier avec la politique", a-t-elle taclé. "Ça n’est pas d’un coup en trouvant toutes les vertus du monde au gouvernement pendant qu’on y est, et puis après en lui trouvant tous les défauts du monde parce qu’on n’y est plus, qu’on va réussir à réconcilier les Français avec la politique."

Elisabeth Guigou, présidente socialiste de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, y est également allée de sa petite phrase. "Quand on est a été membre d'un gouvernement, on ne s'exprime pas comme ça. C'est pas digne d'une dirigeante d'un parti politique qui se veut un parti de gouvernement", a souffleté l’ex-ministre de la Justice sur France 2.

De son côté, Sébastien Denaja, député PS de l’Hérault, rappelle sur Twitter que Cécile Duflot a été élue députée de Paris grâce aux bonnes grâces des socialistes.

L’opposition en profite. Et la majorité n’est pas seule. L’opposition n’a évidemment pas laissé passer l’occasion de tacler Cécile Duflot. "Si vraiment c'était l'enfer de vivre dans ce gouvernement, je ne vois pas bien ce qu'elle y a fait pendant deux ans", a ainsi ironisé Florian Philippot, vice-président du FN, sur RTL. "Quand on donne des leçons à ce point, et qu'on a pris la soupe aussi longtemps, et qu'on n'a pas été exemplaire soi-même - sa loi est une catastrophe - on est appelé à un peu plus de modestie."

Valérie Pécresse, ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, a elle choisi Twitter.