Attentats : Juppé refuse de donner "carte blanche" à Hollande

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B.B avec AFP
Soutenir le chef de l’Etat dans ces moments difficiles pour la France, oui. Lui donner un blanc-seing, en revanche, c’est non pour le maire de Bordeaux.

Après les attentats du vendredi 13 janvier, l’unité nationale a volé en éclats au bout de quelques heures seulement, avec comme point d’orgue une houleuse séance de questions à l’Assemblée nationale. Bien que plus modéré que certains de ses collègues de l’opposition, Alain Juppé, dans une lettre aux Français diffusée samedi, refuse de donner "carte blanche" à François Hollande. Et avance ses propres propositions en matière de sécurité et de diplomatie.

"Pas de carte blanche". Le candidat à la primaire de la droite en 2016 rappelle d’abord avoir apporté son "soutien" au chef de l'Etat et au gouvernement après les attentats. Mais, prévient-il, "cela ne veut pas dire leur laisser carte blanche. Il faut passer à l'acte très rapidement parce que nous avons déjà l'exemple dans un passé récent d'annonces qui n'ont pas été suivies d'effets".

Alain Juppé, qui soutient les créations de postes dans la police, la gendarmerie ou la justice annoncées par le chef de l’Etat, souhaite ainsi que "dans les tout prochains mois, le président de la République vienne expliquer devant les Français ce qui a été obtenu".

Obligation pour les imams de prêcher en français. L'ex-Premier ministre fait aussi des propositions, comme de "simplifier drastiquement les procédures administratives qui occupent aujourd'hui deux tiers du temps des policiers et gendarmes, et de recruter du personnel civil pour s'en occuper". Juppé prône aussi la création d'un "véritable service de renseignement pénitentiaire", pour prévenir les cas de radicalisation en prison. Enfin, il propose que les imams soient obligés de "prêcher en français" ou encore la création d'un "délit d'entrave au service public": "on ne peut pas laisser les représentants de l'État sans moyens de réagir quand un enfant rejette une leçon d'histoire sur la Shoah ou quand une femme hospitalisée refuse d'être examinée par un médecin homme".

Pour "une coalition unique". Sur le plan diplomatique, face au constat que l'objectif d'un départ de Bachar al-Assad n'a pas été "atteint", l’ancien Premier ministre se prononce en faveur d'une "coalition unique associant Américains, Russes, Français, Turcs, Iraniens, pays du Golfe" contre le groupe Etat islamique. "Je serai attentif aux résultats qu'obtiendra en ces termes la diplomatie française", prévient-il.