Gérald Darmanin 2:57
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Mathilde Durand , modifié à
Après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, annonce lundi sur Europe 1 plusieurs opérations de police en cours et des contrôles renforcés pour 51 associations. Il compte également proposer à la dissolution en Conseil des ministres plusieurs structures, telles que le CCIF ou Barakacity. 
INTERVIEW

Dimanche soir, à l'issue d'un Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron, plusieurs mesures ont été annoncées par le chef de l'Etat. L'objectif : frapper fort et rassurer après l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'Histoire-Géographie, tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet vendredi à Conflans-Sainte-Honorine. Dans un premier temps, la sécurité autour des établissements scolaires va être renforcée d'ici la rentrée de novembre. Le gouvernement entend également aller plus loin avec des mesures "contre les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés". Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, est l'invité lundi d'Europe 1 pour détailler ce plan d'action.

Opérations de police en cours, 51 associations contrôlées 

"Depuis l'assassinat de ce professeur, 80 requêtes ont été ouvertes contre la haine en ligne, contre tout ceux qui, de façon apologique, ont expliqué d'une façon ou d'une autre que ce professeur l'a bien cherché. Des interpellations ont déjà eu lieu depuis dimanche. Depuis ce matin [lundi, ndlr], des opérations de police ont lieu et auront lieu. Elles sont très nombreuses et concernent des dizaines d'individus", annonce le ministre de l'Intérieur. Ces opérations ont débuté ce lundi à 6 heures sur l'ensemble du territoire. Ce sont des contrôles administratifs et judiciaires qui concernent des personnes déjà dans les radars des services de renseignement, présentant notamment "des signaux faibles" (prêches, messages sur les réseaux sociaux". 

"Une cinquantaine de structures associatives verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l'Etat. Plusieurs d'entres elles, à ma proposition puisque le président de la République l'a demandé, se verront dissoudre au Conseil des ministres", a ajouté Gérald Darmanin. 

Le CCIF et Barakacity dans le viseur

Dans le viseur du gouvernement, le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Gérald Darmanin souhaite que le collectif soit proposé à la dissolution. "Je le souhaite parce que voilà une association manifestement impliquée puisque le père qui a lancé une 'fatwa' contre ce professeur fait référence clairement à cette association, c'est une association qui touche des subventions d'Etat, des déductions fiscales et qui dénonce l'islamophobie d'Etat. Je le souhaite car un certains nombres d'éléments nous permettent de penser que c'est un ennemi de la République. Je souhaite aussi que Barakacity soit proposée à la dissolution du Conseil des ministres", ajoute le ministre de l'Intérieur. Son fondateur, Idriss Sihamedi, avait été interpellé mercredi pour harcèlement en ligne après une plainte déposée Zohra Bitan, chroniqueuse sur RMC. Les 51 structures concernées sont de natures différentes : écoles, lieux cultuels, collectifs, associations. 

"Quand vous faites des actions contre un ennemi de l'intérieur, insidieux et extrêmement bien organisé, vous ne pouvez pas toujours le rendre public. On ne déjoue pas 32 attentats, depuis que le président de la République est arrivé, comme ça. On le fait à bas-bruit", explique Gérald Darmanin. 

Expulsion d'étrangers fichés 

Dimanche, le ministre de l'Intérieur a pris la décision d'expulser dans les prochaines heures 231 étrangers expulsables qui se trouvent dans le FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Concrètement, 180 personnes actuellement en prison sont concernées. Cinquante-et-une autres en liberté vont être arrêtées dans les prochaines heures

"Il y a 22.000 personnes qui sont fichées pour islamisme radical, suivies par nos services. Toutes ne sont pas en France, il n'y a que 8.000 fiches actives sur ces 22.000. Beaucoup de gens ont déjà été expulsés. Sur ces 8.000 fiches actives, il y a 600 étrangers en situation irrégulière. Beaucoup sont déjà en prison et seront expulsés à la fin de leur peine. Et d'autres ne sont pas expulsables : il y a des Libyens, des Syriens. On ne peut pas expulser dans un pays en guerre des personnes sur notre sol", précise Gérald Darmanin, ajoutant que ces personnes sont sous surveillance.

"Et puis il y a tout ceux qui sont originaires de pays avec lesquels nous avons des relations diplomatiques normales : des pays du Maghreb, la Russie, quelques pays d'Afrique. Des dizaines d'expulsions ont déjà eu lieu depuis que je suis ministre de l'Intérieur. Nous avons parfois des problèmes car pour expulser quelqu'un, il faut que les pays d'accueil puissent vouloir les recevoir, ce qu'on appelle des laisser-passer consulaires. Nous devons continuer la discussion avec les pays en question". Des tournées diplomatiques sont également prévues dans les pays de l'Est.