Aquilino Morelle : "Le président ne peut pas être un homme normal"

Aquilino Morelle, Europe 1, 1280
"L’exigence de ce qu’est l’exercice de l’Etat ne peut pas permettre à un homme, même s’il est plein de bonne volonté, d’être simplement normal", a estimé Aquilino Morelle, l'ancien conseiller de François Hollande. © Capture d'écran Europe 1
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G.D , modifié à
Aquilino Morelle, ancien conseiller de François Hollande, estime que l'ex-chef de l'Etat "a eu tort" de vouloir adopter la posture du président normal.
INTERVIEW

François Hollande restera dans l'esprit des Français comme le "président normal". C'est comme cela qu'il s'était autoproclamé, et surtout, "cela correspond à ce qu'il est lui-même, un homme simple qui n'aime pas les apparences du pouvoir", explique Aquilino Morelle, son ancien conseiller politique, au micro d'Europe 1. Cette posture, François Hollande l'a adoptée dès son élection en 2012, en voulant notamment partir en vacances en TGV pendant l'été.

Mais selon Aquilino Morelle, invité de Hondelatte raconte lundi, l'ancien chef de l'Etat "a eu tort" : "Les Français l’ont interprété comme une forme de banalité. Or, le pouvoir de l’Etat ne peut pas être banal. Le président ne peut pas être un homme normal parce qu’il n’occupe des fonctions normales."

"Endosser le costume." "L’exigence de ce qu’est l’exercice de l’Etat ne peut pas permettre à un homme, même s’il est plein de bonne volonté, d’être simplement normal. Il doit prendre la mesure de ses nouvelles fonctions et endosser le costume", ajoute Aquilino Morelle. "Endosser le costume", voilà ce que demandent les Français qui réclament "un dialogue de sincérité" mais qui souhaitent également "que celui qui incarne l'Etat soit dans une posture régalienne" : "Les Français veulent un président qui soit l’héritier du roi de France et qui soit en même temps un simple citoyen qui rende des comptes. Si vous n’êtes que l’un ou que l’autre, vous ne marchez que sur une seule patte."

Dans ce cas, pourquoi est-ce que personne dans l'entourage du président Hollande n'est intervenu afin de lui expliquer que sa posture n'était pas la bonne ? "Quel que soit le dévouement que vous avez, l’envie de servir et la bonne volonté, c’est très difficile de faire changer quelqu’un sur des points qui touchent à son identité", répond simplement son ancien conseiller, qui a pointé une autre défaillance au cours de l'été qui a suivi l'élection de François Hollande : "Il n'y a pas eu de grande mesure politique symbolique. (...) Il n'y a pas eu un grand texte qui aurait marqué les esprits."

Un élan après l'élection puis le divorce. Aquilino Morelle précise toutefois que ce n'est pas au cours de l'été 2012 que "François Hollande a chuté, c'est après" : "La campagne venait de se terminer, Hollande venait d'être élu, il y avait quand même un élan." "Progressivement, les Français se détachent du président. Ça va se produire, assez brutalement en septembre et encore plus brutalement, après Florange le 30 novembre 2012. C'est à ce moment-là que le divorce entre les Français et le président va être complet", conclut-il.