Après la double agression à la prison de Condé-sur-Sarthe, Nicolas Bay estime "qu'il faut en finir avec la logique qui consiste à choyer un peu les prisonniers"

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Romain David , modifié à
Un détenu a grièvement blessé deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne, mardi. Pour Nicolas Bay, eurodéputé RN interrogé par Audrey Crespo-Mara sur Europe 1, le gouvernement ne donne pas aux personnels pénitentiaires les moyens d'assurer correctement leur défense.
INTERVIEW

Mercredi matin, un détenu radicalisé a blessé grièvement deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe, pourtant l'une des plus sécurisées du pays. L'individu, qui s'était retranché, a finalement été interpellé quelques heures plus tard par le Raid et les équipes régionales d'intervention et de sécurité. Sa compagne, qui se trouvait avec lui dans l'unité de vie familiale de la prison, a été tuée dans l'assaut.

"Il faut en finir avec la logique qui consiste à choyer un peu les prisonniers, y compris quand ce sont de grands criminels, y compris quand ils sont radicalisés", a dénoncé jeudi matin, au micro d'Audrey Crespo-Mara sur Europe 1, Nicolas Bay, eurodéputé du Rassemblement national.

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Mettre en place "des quartiers étanches". Cet élu demande ainsi que les unités de vie familiale soient interdites aux prisonniers les plus dangereux. "Pas forcément les empêcher de rencontrer quelqu'un au parloir, mais que les unités de vie familiale soient réservées à ceux qui sont des détenus modèles", précise-t-il. "Il s'agit d'avoir des quartiers étanches où l'on met les détenus radicalisés et ensuite d'en finir avec la logique qui consiste à se préoccuper en toutes circonstances du bien-être des prisonniers", poursuit Nicolas Bay. "Pour parler concrètement, les conditions carcérales de Carlos Ghosn au Japon sont beaucoup plus dures que celle d'un islamiste et assassin dans les prisons françaises", lance-t-il.

Une "défaillance politique". Alors que ce détenu, condamné en 2015 à 30 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'un octogénaire, a pu passer à l'action grâce à un couteau en céramique apporté par sa compagne, le Premier ministre Edouard Philippe a reconnu sur BFMTV une "défaillance" et assuré que le niveau des fouilles allait être relevé. "Edouard Philippe disait il y a 'une défaillance', sous-entendant que c’était une défaillance technique, mais la défaillance est politique", estime Nicolas Bay. "Le personnel pénitentiaire, on ne lui donne pas les moyens, les consignes, on ne modifie pas la législation pour qu'il puisse assurer sa mission dans de bonnes conditions et que les détenus les plus dangereux soient empêchés de nuire", relève-t-il.

"Il faut une fouille systématique, sans exception, avec des moyens modernes comme il en existe dans certains aéroports, et qui permettent de scanner ceux qui rentrent", estime encore ce proche de Marine Le Pen. "Il faut être pragmatique, il faut faire en sorte que, face à des individus extrêmement dangereux, les surveillants soient en situation d'assurer leur propre sécurité."

Quel sort pour les djihadistes français au Levant ?

Le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué un possible rapatriement des djihadistes français capturés au Levant par les forces kurdes, qui menacent de les libérer depuis l'annonce du retrait américain. "Aussi longtemps qu'ils sont détenus, ils ont vocation à être jugés et punis sur place", a-t-il toutefois souligné sur BFMTV. Une position également défendue par Nicolas Bay. "Les djihadistes ont commis des atrocités dans ces pays, ils doivent en répondre devant la justice de ces pays. Le travail diplomatique de la France doit consister à ce que les djihadistes français, qui sont entre les mains des Kurdes, soient remis à la justice syrienne ou irakienne", a-t-il déclaré.

Edouard Philippe a toutefois rappelé qu'il était opposé à la peine de mort. "Ils savaient ce qu'ils risquaient", balaie de son côté Nicolas Bay. "Je ne vais pas pleurer sur le sort de ceux qui ont violé, décapité, assassiné dans les rangs de Daech. S'ils risquent la peine de mort, eh bien tant pis pour eux", conclut-il.