Anti-terrorisme : "le Sénat n'a jamais fait défaut au gouvernement", assure Bruno Retailleau (LR)

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Margaux Baralon , modifié à
RÉVISION CONSTITUTIONNELLE - Le chef de file des sénateurs Les Républicains a justifié, jeudi sur Europe 1, les modifications de la réforme constitutionnelle au Sénat.
INTERVIEW

La révision constitutionnelle est dans l'impasse. Votés le 10 février par l'Assemblée nationale, ses deux articles sur l'état d'urgence et la déchéance de nationalité devraient être profondément modifiés par le Sénat jeudi. Pour Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, il ne faut cependant pas y voir une réticence de la Chambre haute à lutter contre le terrorisme. "Le Sénat n'a jamais fait défaut au gouvernement dès lors qu'il s'agit de lutter contre le terrorisme", a t-il martelé au micro d'Europe 1 jeudi.

"Nous voulons aller dans le bon sens". Pour preuve, les sénateurs ont "voté pas moins de cinq lois", a rappelé l'élu de Vendée, citant notamment la loi Renseignement. "Sur la révision constitutionnelle, nous n'étions pas convaincus d'inscrire l'état d'urgence mais nous le faisons pour montrer que nous voulons aller dans le bon sens." Bruno Retailleau a donc peu goûté les déclarations du Premier ministre, Manuel Valls, mercredi au Palais du Luxembourg. Le chef du gouvernement avait en effet accusé les sénateurs de ne pas avoir cherché d'accord avec l'Assemblée nationale et dénoncé des "postures". "Le Premier ministre a fait de la provocation", s'est insurgé Bruno Retailleau. Selon lui, l'exécutif "sait qu'il n'a plus de majorité sur ce texte et veut nous [la droite, ndlr] rendre responsable" de son échec.

"Nous ne voulons pas de l'apatridie". Le patron des sénateurs LR a également justifié les amendements du Sénat sur le fond. La Chambre haute a réécrit l'article 2 de la révision constitutionnelle, sur la déchéance de nationalité, qui précise que cette mesure "ne peut concerner qu'une personne […] disposant d'une autre nationalité que la nationalité française". L'Assemblée, de son côté, avait supprimé toute notion de binationalité pour éviter d'introduire une inégalité. "On essaie d'être conformes à nos convictions", a justifié Bruno Retailleau. "Nous ne voulons pas de l'apatridie au moment même où l'ONU a un programme de réduction de l'apatridie."

Quand la droite est fidèle à François Hollande. L'élu a d'ailleurs rappelé que cette formule respectait le souhait initial formulé par François Hollande au lendemain des attentats de Paris. "J'étais au Congrès, à Versailles et François Hollande nous a dit que la déchéance de nationalité ne devait pas avoir pour résultat de rendre quelqu'un apatride. Nous suivons l'engagement du président de la République." Que la droite clame être fidèle aux idées d'un président socialiste n'avait pas manqué de faire réagir la gauche. "Brandir le discours de Versailles pour dire que cet amendement est fait pour soutenir le chef de l'Etat est ridicule", avait ainsi raillé Didier Guillaume, patron des sénateurs socialistes, mercredi. Reste que, dans les faits, la formulation du Sénat est effectivement respectueuse du texte initialement présenté en conseil des ministres, en décembre dernier.

Le Congrès aura-t-il lieu ? Dans ce contexte tendu, la révision constitutionnelle semble compromise. Sénat et Assemblée nationale doivent en effet absolument se mettre d'accord pour que le texte puisse être soumis au vote du Parlement réuni en Congrès et, éventuellement, adopté. Pour Bruno Retailleau, qui a dit "souhaiter" que ce Congrès ait lieu, tout n'est pas perdu. "Il faut que la gauche écoute le Sénat, et surtout les engagements du président de la République." Et l'élu de noter que "c'est quand même paradoxal".