Afghanistan : un retrait prendrait "un an"

Nicolas Sarkozy a confirmé la mort de 4 soldats français. Les opérations sont suspendues sur place.
Nicolas Sarkozy a confirmé la mort de 4 soldats français. Les opérations sont suspendues sur place. © Capture écran BFMTV
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avec AFP et Nicolas Poincaré , modifié à
Sarkozy a confirmé la mort de 4 soldats français. Les opérations sont suspendues sur place.

Le chef de l’Etat a confirmé la mort de quatre soldats français, vendredi, en Afghanistan. Lors de ses vœux au corps diplomatique, Nicolas Sarkozy a "rendu hommage à leur sacrifice", ajoutant : "pour le chef des armées que je suis, c’est toujours un moment de grande solitude". Selon les informations d'Europe1, trois des victimes appartenaient au régime d'artillerie de Montagne de Vars. Le quatrième était issu du 2e régiment de génie (REG) du Vaucluse. Lors de l'attaque meurtrière du 29 décembre dernier, les soldats tués appartenaient aussi au REG du Vaucluse.

Selon le ministère de la Défense, "une quinzaine de militaires ont été blessés dont huit grièvement". Un précédent bilan communiqué par le ministre Gérard Longuet faisait état de "huit" soldats français blessés "dont un grave". L’attaque de vendredi a aussi blessé 16 autres militaires dont huit français. "Le capitaine qui commandait le détachement a été gravement blessé", à précisé le ministre de la Défense, Gérard Longuet. D’après les services de renseignement afghans, la fusillade s'est produite dans la vallée de Taghab, dans la province de Kapisa, à l’est du pays, où stationne le contingent français. 

Les opérations françaises suspendues

En réaction à cette attaque, le président de la République a annoncé la suspension de toutes les opérations de formation et d'aide au combat de l'armée en Afghanistan. Le ministre de la Défense a été "immédiatement" envoyé sur place, a annoncé Nicolas Sarkozy. Gérard Longuet sera chargé d'une mission et si celle-ci conclut que les conditions de sécurité ne sont pas réunies, la question d'un retrait anticipé sera posée, a précisé le chef de l'Etat. Le chef d'état major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, doit l'accompagner.

Un retour anticipé des soldats ?

Aujourd’hui, la France compte quelque 3.800 militaires en Afghanistan. Leur retrait est pour l'instant prévu pour s'étaler jusqu'en 2014. "L'armée française est au côté de ses alliés, mais nous ne pouvons pas accepter qu'un seul de nos soldats soit tué ou blessé par nos alliés. C'est inacceptable, je ne l'accepterai pas", a prévenu Nicolas Sarkozy.

Selon le chef de l'Etat, "c'est une décision difficile que celle que nous aurons à prendre dans les jours qui viennent". "Mais je me devais de l'assumer face aux Français et face à nos soldats", a-t-il assuré.

Quel calendrier ?

Le retrait des troupes nécessite une lourde logistique, estime Didier Français, spécialiste des questions de Défense à Europe 1. "Les militaires français sont dans une zone extrêmement difficile. Depuis six mois, ils ne sortent plus, ils ont suspendu leurs opérations pour qu'il y ait moins de morts. Les insurgés se sont donc rapprochés de nos bases. Ils tiennent désormais les routes et les voies d'accès. Lorsque l'on fera circuler des camions pour évacuer nos bases, il faudra monter des opérations militaires pour dégager les routes, enlever les mines, éviter les embuscades, débloquer les bouchons et faire sortir tout le monde", a détaillé Didier François sur Europe 1.

"Si la décision est prise en début d'année, il faudra à peu près un an", a-t-il conclu.

Un avis partagé par Jean-Dominique Merchet, journaliste à Marianne. "Quitter un théâtre d'opérations pendant qu'il y a des combats est une opération extrêmement dangereuse et compliquée. Ce qu'il a de plus difficile à faire dans une guerre, c'est de se replier", a ajouté Jean-Dominique Merchet. "C'est long, c'est dangereux, c'est coûteux. Ça ne se fait pas comme ça. Si la décision est prise, il faudra plusieurs mois voire une année".