Afghanistan : Sarkozy a les mains liées

En visite à Paris, le président Karzaï va s'entretenir avec le chef de l'Etat sur le sort des soldats français.
En visite à Paris, le président Karzaï va s'entretenir avec le chef de l'Etat sur le sort des soldats français. © REUTERS
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Stéphanie de Silguy , modifié à
Le président Karzaï va s'entretenir avec le chef de l'Etat sur le sort des soldats français.

La visite du président afghan à Paris était prévue bien avant l'attaque meurtrière du 20 janvier dernier, qui a fait quatre victimes parmi les soldats français. Si le programme du président afghan est resté identique, sur le fond, les discussions vont prendre une tournure particulière.

Lors de leur entretien prévu à 17 heures, Hamid Karzaï et Nicolas Sarkozy signeront le traité d'amitié franco-afghan. Les deux chefs d'Etat se focaliseront ensuite sur la question d'un retrait anticipée, ou non, des forces françaises.

Vendredi dernier, juste après l'annonce de la mort de quatre hommes sur la base de Gwam, Nicolas Sarkozy avait immédiatement suspendu toutes les opérations de formation à l'armée afghane et avait posé un ultimatum : soit le pouvoir afghan garanti  à nouveau la sécurité des soldats français vis-à-vis de leurs homologues afghans, soit la France partira avant 2014.

"Il ne faut pas céder à la panique"

Depuis, le chef de l'Etat et Alain Juppé, ont  été moins catégoriques. Mardi, le ministre des Affaires étrangères a souligné qu'il ne faut "pas céder à la panique et  confondre un retrait ordonné et une retraite précipitée". Gérard Longuet, a, lui, indiqué, que la meilleure façon de "défendre la mémoire des soldats tués était de poursuivre la mission jusqu’à ce qu’elle s’achève sur un succès ".

Même discours du côté des Etats-Unis et de l'Otan. Hillary Clinton a déclaré n'avoir "aucune raison de penser" que la France allait accélérer son retrait. Anders Rasmusen a de son côté affirmé :" il est important pour le succès de nos opérations de maintenir notre engagement envers ce plan",

Et si cela peut paraître paradoxal, l'Etat major français redoute un départ anticipé du pays. Il craint de ne pas pouvoir réussir une sortie d'Afghanistan en toute sécurité et de façon honorable, expliquait Thierry Guerrier sur Europe1. Le chantier est gigantesque : 3.600 hommes, des tonnes de matériel et 1.200 véhicules à faire revenir.
Nicolas Sarkozy semble donc avoir peu de soutien pour décider seul d'un retrait anticipé des militaires français.

La coalition "doit adapter son dispositif"

A quelques heures de la réunion entre Hamid Karzaï et Nicolas Sarkozy, Gérard Longuet a déclaré sur BFMTV que "la France va dire à ses alliés 'je le dirai début février à Bruxelles' : nous avons annoncé notre départ, il faut adapter notre dispositif à ce départ".

Selon lui, l'annonce de la transition entre les forces françaises et afghanes "a modifié le terrain sur place". "On voit bien que les talibans, qui ne sont plus capables de chasser le président et d'affronter l'Armée nationale afghane, utilisent des méthodes nouvelles". "Nous devons en tenir compte", a-t-il expliqué. Et de conclure : le président demandera à Hamid Karzaï "de faire en sorte que les officiers, les sous-officiers, que nous formons, nous Français, et qui sont afghans, soient à nos cotés et non pas dispersés" sur le terrain.

Le retrait français a débuté fin 2011, proportionnellement au retrait américain, avec le retour de 400 militaires. 600 autres doivent rentrer en France en 2012.