Affaire Penelope Fillon : ces politiques qui ont fait travailler leur conjoint

Nadia et Jean-François Copé
Nadia Copé a été l'assistante parlementaire de son mari pendant six ans. © AFP
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À l'instar de François Fillon, d'autres élus ont employé leur conjoint comme assistant. Si la pratique est légale, elle est bien souvent entourée d'une certaine opacité.

À droite comme à gauche, l’embauche de conjoint comme assistant parlementaire est courante. Si elle n’est pas illégale, cette pratique peut toutefois faire naître des suspicions et susciter les polémiques. Dernière en date, celle entourant les suspicions d’emploi fictif de Penelope Fillon, épouse du candidat LR à la présidentielle, rémunérée comme attachée parlementaire de son mari pendant huit ans. Mercredi, le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire à ce sujet. Europe1.fr passe en revue quelques affaires récentes.

  • Nadia Copé

La femme de Jean-François Copé (LR) a travaillé pendant six ans comme assistante parlementaire de son mari, alors député-maire de Meaux. Si madame Copé a toujours accompagné son conjoint dans ses déplacements, le député n’avait jamais évoqué publiquement cette relation professionnelle. Mediapart, qui révélait l’information en juillet 2014, s’interrogeait alors sur les salaires perçus par Nadia Copé : le plafond mensuel de rémunération des collaborateurs de 4.750 euros a bien été respecté à partir de décembre 2011 - date de leur mariage -, mais celui-ci aurait pu être dépassé auparavant, alors que Nadia ne portait pas le nom de "Copé" à son entrée à l’Assemblée nationale, en 2008.

  • Pauline Le Maire

De 2007 à 2013, Pauline Le Maire a été assistante parlementaire de son mari. Bruno Le Maire n’avait jamais mentionné l'activité politique de son épouse jusqu’aux révélations de Mediapart en 2013, qui s'interrogeait alors sur la "réelle fonction" de Pauline Le Maire. L’ancien député d’Évreux (LR) présentait toujours sa femme en public comme une "artiste-peintre et mère de quatre enfants". Selon l'entourage de l'ancien ministre, Pauline Le Maire s'occupait d'actualiser le site Internet de son mari. Lorsque Bruno Le Maire a été promu ministre de l'Agriculture, son épouse est restée collaboratrice parlementaire de son suppléant. Un choix longtemps assumé par l'homme politique… Mais le couple a fini par le regretter pour des raisons personnelles, comme l’évoquait Bruno le Maire sur Europe 1 en octobre dernier : "Nous nous sommes aperçus, l’un comme l’autre, que ce n’était pas une bonne solution, parce que la politique, ça n’est pas son truc", avait-il alors confié…

  • Véronique Bartolone

L’épouse de Claude Bartolone, actuel président de l'Assemblée nationale (PS), a été embauchée au poste de "chargée de mission interventions et droits des femmes" au sein de son cabinet, depuis 1998. Claude Bartolone s'était alors justifié auprès du Lab d’Europe 1, en septembre 2012, lorsque l’information a été révélée : "Je n’ai pas embauché ma femme, j’ai épousé ma collaboratrice." Avant son poste au cabinet, Véronique Bartolone travaillait en effet déjà avec son mari au ministère de la Ville dans le gouvernement de Lionel Jospin (de 1998 à 2002), puis a été son assistante parlementaire lorsque Claude Bartolone était député de Seine-Saint-Denis.

  • Louis Aliot

Marine Le Pen, en tant que députée européenne, a embauché de 2011 à 2013 son compagnon, Louis Aliot - déjà vice-président du Front national mais pas encore député européen - comme assistant au Parlement européen. À ce titre, Louis Aliot touchait 5.000 euros par mois à temps partiel, selon une information de Mediapart de juillet 2013. Or, dans son règlement, le Parlement européen autorise les députés à employer des collaborateurs mais stipule que l’enveloppe de financement ne peut concerner des "conjoints". L'institution avait demandé des explications à Marine Le Pen en juillet 2012, et celle-ci a justifié qu’elle ne considérait pas Louis Aliot comme son "conjoint". Le Parlement européen a fini par s’en remettre à la législation française, qui autorise l'embauche de conjoint. Pourtant, le couple, qui n’est certes ni marié ni pacsé, s’affiche régulièrement en public.

Des liens difficiles à établir
10 à 15% des 900 parlementaires ont un collaborateur qui porte le même nom qu'eux, au vu de leurs déclarations d'intérêts en 2014. Mediapart avait détaillé cette année-là les emplois familiaux à l'Assemblée nationale : "52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés rémunérés sur fonds de l’Assemblée", listait le site. Au Sénat, les collaborateurs familiaux étaient 59 au 31 décembre 2016, soit moins de 7%. Mais certains liens familiaux ou maritaux sont difficiles à établir, notamment du fait que les "femmes de" peuvent travailler sous leur nom de jeune fille.