Affaire Karachi : le résumé des épisodes

La justice s'interroge sur l'existence d'éventuelles rétrocommissions, liées à la vente de sous-marins au Pakistan et qui auraient permi de financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur.
La justice s'interroge sur l'existence d'éventuelles rétrocommissions, liées à la vente de sous-marins au Pakistan et qui auraient permi de financement de la campagne présidentielle de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur. © MAXPPP
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CHRONOLOGIE - Vous avez perdu le fil de l’affaire ? Europe1.fr vous aide à faire le point.

6 octobre : Ziad Takieddine, entendu pendant près de dix heures mercredi par le juge Von Ruymbeke, a dénoncé sur Europe 1 "un complot contre le président de la République" et accusé Dominique de Villepin. "C’est une accusation très grave que je maintiens, sur la base d’éléments que je possède, que je transmettrais à la justice", a-t-il continué.

30 septembre : Brice Hortefeux est entendu à sa demande au siège de la PJ de Nanterre. L'ancien ministre de l'Intérieur est mis en cause pour avoir appelé, le 14 septembre, son "ami" Thierry Gaubert pour lui dire que sa femme, Hélène de Yougoslavie, "balançait" trop.  

Par ailleurs, Me Olivier Morice, l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi, envoie Brice Hortefeux devant le tribunal correctionnel. Une citation à comparaître qui fait suite aux propos tenus par l'ancien ministre de l'Intérieur quelques jours auparavant, relayés par Le nouvel observateur. Hortefeux s'était dit "écoeuré" par la "lâcheté des journalistes qui fracassent tous les amis de Sarkozy" alors que c’est Me Morice qui, selon lui, devrait être "fracassé".

29 septembre : Ziad Takieddine, l'intermédiaire sur les contrats d'armement, nie toute implication dans le dossier et demande à Nicolas Sarkozy la levée totale du secret-défense, sur BFMTV.

28 septembre : Concernant le volet financier de l'affaire Karachi, la Suisse annonce qu'elle aidera la France. "Certaines investigations ont déjà été exécutées, d'autres sont encore en cours", explique le procureur suisse Jean-Bernard Schmid.

27 septembre : Magali Drouet, la fille d'une victime de l'attentat, porte plainte contre Brice Hortefeux. Elle vise ses coups de fil à son "ami" Thierry Gaubert qui montrent, selon elle, qu'il a eu accès au dossier. "Je porte plainte pour délit d'entrave à la justice et subornation de témoin", explique-t-elle sur Europe 1. "Je connais le dossier, je ne savais pas que c'était  Hélène Gaubert qui avait témoigné . C'était un témoignage sous X, son nom n'était cité nulle part".

26 septembre : Deux jours après les déclarations de sa mère, Hélène de Yougoslavie, Milena Gaubert, la fille du couple, vole au secours de son père. Elle affirme, elle aussi sur Europe 1, que sa mère est dépressive depuis des années et qu'elle "veut emmerder [son] père", avec qui elle est en instance de divorce.

24 septembre : Hélène de Yougoslavie, la femme de Thierry Gaubert, confirme sur Europe 1 les déclarations qu'elle a faites à la police. "Je confirme ce que j’ai dit, sur les voyages de mon mari, surtout à l’étranger, et le fait de revenir avec des sacoches".

23 septembre : Le Parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel. Elle fait suite aux informations révélées par Le Monde le jour même, qui révèle que Brice Hortefeux était informé des déclarations d'Hélène de Yougoslavie. Des déclarations qui laissent à penser que l'Elysée a eu un accès exhaustif au dossier. Par ailleurs, selon Mediapart, Jean-François Copé aurait bénéficié de 19.050 euros d'"avoirs" de la part de Ziad Takieddine entre 2003 et 2005. Le site Internet cite des documents obtenus par les enquêteurs.

21 septembre : Deux proches de Nicolas Sarkozy sont mis en examen. Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur et ami du chef de l'Etat, est interpellé et placé en garde à vue. Thierry Gaubert, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, est mis en examen et laissé libre.

14 septembre : Le juge van Ruymbeke met en examen Ziad Takieddine pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux". L'homme d'affaires franco-libanais est présenté par plusieurs témoins comme un intermédiaire imposé par le cabinet de François Léotard, peu de temps avant la conclusion au Pakistan du contrat de vente de sous-marins.

15 juin : Une plainte est déposée contre le juge Bruguière. Les familles des victimes accusent l'ex-magistrat d'avoir livré un faux témoignage à la justice.

6 mars : Un ancien membre de l'association de financement de la campagne d'Edouard Balladur raconte avoir déposé à la banque des mallettes de billets à plusieurs reprises pendant la campagne de 1995.

30 janvier 2011 : L'ancien ministre de la Défense François Léotard est entendu par le juge. Il lie l'attentat de Karachi à l'arrêt du versement de commissions, décidé par Jacques Chirac, et à la vente à l'Inde de sous-marins plus modernes que ceux livrés au Pakistan.

30 décembre : Un premier feu vert est donné pour la déclassification de documents de la DGSE. 23 documents sont concernés, mais la Commission consultative du secret de la défense nationale donne u avis défavorable sur 28 autres documents, dont certains mentionnent dans leur intitulé le nom de Ziad Takieddine.

29 novembre : Dominique de Villepin est une nouvelle fois entendu dans le dossier Karachi. Cette fois, il est auditionné par le juge antiterroriste Marc Trévidic, chargé du volet "terroriste" de l'enquête.

25 novembre : Dominique de Villepin est entendu comme témoin par le juge Renaud Van Ruymbeke qui enquête sur un volet financier du dossier. Selon Me Metzner, l'avocat des familles, l'ex-Premier ministre a évoqué des "convictions très fortes" quant à l’existence de rétrocommissions.

L'ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, a lui affirmé sur Europe 1 avoir transmis au juge Trévidic, qui enquête sur l'attentat, tous les documents relatifs au dossier qui concernaient son ministère. Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel en 1995, affirme que les comptes de campagne d'Edouard Balladur comportaient de nombreuses anomalies, tout comme ceux de Jacques Chirac.

23 novembre : La justice met la main sur des documents du ministère du Budget précisant les montages financiers utilisés pour verser des commissions. Certains documents sont adressés à Nicolas Sarkozy. L'ancien président Valéry Giscard d’Estaing accuse: "Il existe une liste des rétrocommissions" relative à la vente d'armes par la France au Pakistan.

Dominique de Villepin annonce qu'il sera entendu jeudi par le juge Van Ruymbeke. Par ailleurs, le ministre de la Défense, Alain Juppé a affirmé qu'il ne s'opposerait pas à une déclassification de documents réclamés par les juges d'instruction... si la commission sur le secret défense l'autorise.

22 novembre : Michel Mazens, l'un des témoin clé de l'affaire Karachi, confirme l'existence de rétrocommissions mais conteste un lien direct avec l’attentat. Cette dernière a par ailleurs demandé au ministre de la Défense Alain Juppé l'accès à des documents classés secret défense. De plus, François Fillon a refusé l'accès de la justice à la DGSE pour y mener une perquisition.

21 novembre : Les familles de victimes réclament l'audition d'Alain Juppé, l'actuel ministre de la Défense était Premier ministre à l'époque de l'arrêt du versement des supposées rétrocommissions. Après des déclarations accusatrices, évoquant ses très forts soupçons de rétrocommissions, Dominique de Villepin tente de calmer le jeu : il ne voit "aucun lien" entre l'arrêt de leur versement et les attentats de Karachi.

20 novembre : Nicolas Sarkozy s'exprime enfin sur l'affaire et dénonce "une polémique qui n'a pas lieu d'être". Le chef de l'Etat promet aussi de produire des documents "en temps et en heure".

19 novembre : Des familles de victimes annoncent qu'elles portent plainte contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Ce dernier déclare qu'il est prêt à témoigner et fait état de très forts soupçons de rétrocommissions en 1995.

18 novembre : Les familles des victimes, parties civiles dans cette affaire, demandent une audition de Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur, Jacques Chirac et Dominique de Villepin.

17 novembre : La conversation entre Charles Millon et le juge Van Ruymbeke est révélée. L'ancien ministre de la Défense, sous Jacques Chirac en 1995, a confirmé - deux jours plus tôt devant le juge - des faits de corruption. Il fait état de l'existence de rétrocommissions versées jusqu'en 1995. L'ex-ministre confie également c'est Jacques Chirac qui lui a demandé à mettre fin à ces versements. Le Conseil constitutionnel oppose le secret du délibéré à la justice qui réclame le contenu des échanges concernant les comptes de campagne d'Edouard Balladur.

10 novembre : Plusieurs parties civiles vont porter plainte contre le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui refuse de communiquer à la justice des comptes rendus d'auditions parlementaires.

7 octobre : Les familles de victimes attendent des "explications" du Conseil constitutionnel, sur la validation en 1995, des comptes de campagne d'Edouard Balladur. Les rapporteurs du Conseil avaient pourtant préconisé leur "rejet" en raison de "versements en espèces non justifiés". Le même jours, le juge Renaud Van Ruymbeke décide d'enquêter sur les soupçons de rétrocommissions. Le parquet de Paris fait appel.

14 septembre : Le procureur Jean-Claude Marin juge qu'il y a prescription. Le parquet de Paris choisit donc de ne pas ouvrir d'information judiciaire pour corruption ou abus de biens sociaux.

18 juin : Le juge d'instruction Marc Trévidic affirme que le mobile de l'attentat est probablement lié à l'arrêt du versement de commissions et confirme l'existence de "rétrocommissions illicites".

26 avril : Le journal Libération affirme que deux intermédiaires, imposés par Edouard Balladur, ont perçu en janvier et juin 1995 des commissions occultes après la vente des sous-marins. Le quotidien ajoute qu'une somme de 10 millions de francs - soit 1,5 million d'euros - a été versée le 26 avril 1995 sur le compte bancaire à Paris de l'Association pour le financement de la campagne Balladur. Faux, répond Edouard Balladur qui conteste tout financement illégal de sa campagne.

4 février 2010 : Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire à la suite de la plainte des familles de victimes pour "corruption et entrave à la justice".

17 décembre 2009 : Me Olivier Morice, avocat des familles des victimes, accuse le président de la République, Nicolas Sarkozy, d'être "au coeur de la corruption" dans ce dossier. L'Elysée parle de "diffamation".

16 décembre 2009 : Six familles de victimes de l'attentat portent plainte à Paris pour "corruption" contre le club politique créé en 1995 par Edouard Balladur.

7 octobre 2009 : Une mission d'information est créée à l'Assemblée nationale.

24 juin 2009 : L'ancien ministre de la Défense Charles Millon reconnaît avoir bloqué en 1995 à la demande du président Chirac "le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions".

19 juin 2009 : Le juge chargé de l'enquête annonce aux parties civiles que l'enquête française s'oriente désormais vers la piste d'un contentieux franco-pakistanais. Il serait lié à l'arrêt, en 1995, d'un versement de commissions par la France en marge du contrat sur la vente de sous-marins et l'argent pourrait avoir servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Cet arrêt des versements aurait visé à assécher les réseaux de financement occulte de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur. A la suite de cette annonce, le président Nicolas Sarkozy - et qui était en 1995 porte-parole d'Edouard Balladur - parle de "fable".

30 juin 2003 : Deux Pakistanais, membres de groupes islamistes interdits, sont condamnés à mort. Selon la police pakistanaise, ils ont reconnu leur participation à l'attentat du 8 mai 2002.

8 mai 2002: Une voiture piégée est lancée à Karachi, au Pakistan, sur un autobus de la Direction des constructions navales (DCN). L'attentat fait 14 morts, dont 11 Français. Ils travaillaient à la construction d'un sous-marin pakistanais. Le parquet de Paris ouvre une enquête. Les autorités pakistanaises évoquent la piste Al-Qaïda.

Retour sur l'attentat :

Le témoignage des proches des victimes :