Affaire Bygmalion : l’UMP peine à garder le silence

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Rémi Duchemin, avec AFP , modifié à
REACTIONS - Après les nouvelles révélations sur des "conventions" qui auraient été facturées au prix fort, certaines langues se délient.

Jean-François Copé se serait sans doute bien passé de cette nouvelle affaire, alors que les européennes ont lieu dans seulement dix jours. Cela permet au président de l’UMP d’être relativement épargné dans son camp après les nouvelles révélations de Libération concernant les liens troubles entre le parti de la droite et Bygmalion. Selon le quotidien, la société de communication a facturé à la formation installée rue de Vaugirard, à Paris, des conventions à des prix exorbitants, pour des prestations qui semblent parfois fictives. Tous, toutefois, ne parviennent pas à tenir leur langue.

Lellouche saisit son avocat. Le plus virulent est sans aucun doute Pierre Lellouche. Il faut dire que le député de Paris est nommément cité en exemple dans Libération pour l’une des fameuses conventions. Le quotidien évoque ainsi une conférence sur l’accès au crédit datant du 30 mai 2012, facturée 299.000 euros à l'UMP et dont l’élu est supposé avoir été le principal intervenant. Or, Pierre Lellouche ne s'y est pas rendu, selon ses agendas et ses souvenirs. "Je conteste formellement avoir été associé et encore moins avoir été la cause d'une facture" de cette conférence, a déclaré l'ancien ministre. "J'ai, ce matin, saisi mon avocat, Me Olivier Schnerb, pour le charger de toutes démarches nécessaires afin de défendre mon nom et de sanctionner l'usage qui en est fait", a ajouté l'élu parisien.

"Copé aura à cœur de donner toutes les explications", veut croire Pécresse. Valérie Pécresse a elle tenté d’éluder, mais s’est tout de même montré surprise. "Je ne sais rien de cette affaire, mais les montants qui sont cités sont très importants et, vous le savez, ce sont les Français qui financent les partis politiques, par leurs impôts ou par leurs dons", a relevé l’ancienne ministre sur iTélé. Une façon claire de mettre indirectement la pression sur son président. "Je suis sûre que Jean-François Copé aura à coeur de clarifier, de donner toutes les explications sur ces dépenses", a encore lâché la patronne de l'opposition en Ile-de-France.

(A partir de 5'55)

 

En "off", des propos très durs. Les autres ténors de l’UMP n’ont pas réagi publiquement. "Les militants n'accepteraient pas que nous nous écharpions une nouvelle fois en place publique", explique un responsable du parti au Figaro. "À dix jours des européennes, ce serait suicidaire", abonde un autre. N’empêche. Quand le voile de l’anonymat est posé, la parole se libère.

"Ce n'est plus la coupe qui est pleine, c'est la baignoire", grince ainsi un ténor du parti. "Tout cela va plaire aux électeurs, aux donateurs que nous avons sollicités pour renflouer les comptes de la campagne présidentielle et aux contribuables qui financent la dotation publique aux partis politiques", ironise-t-il. "Une nouvelle fois, le discrédit est jeté sur notre formation et une nouvelle fois, c'est Jean-François Copé et ses amis qui sont directement mis en cause", peste un autre, toujours dans Le Figaro. "Les montants annoncés sont astronomiques et Jérôme Lavrilleux qui les confirme à Libération en expliquant qu'un parti gère ses finances comme bon lui semble! C'est se foutre du monde", s’emporte un membre du comité politique. Et un ministre d’asséner : "si la moindre chose est vraie dans ce qu'écrit Libération, Copé est mort".

"Allégations amalgamés, mal vérifiées". Du côté de Jean-François Copé, on bombe le torse. "On approche des européennes, on nous a fait ça avant les municipales avec les mêmes allégations, le tout mélangé, amalgamé, mal vérifié", s’est défendu en marge d'une conférence de presse sur l'Outremer le président de l’UMP adoptant, comme fin février après les révélations du Point, une posture de victime.

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