A quoi joue le Front de gauche ?

Les communistes excluent une participation au gouvernement. Ici : Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent
Les communistes excluent une participation au gouvernement. Ici : Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Le PCF, comme son allié Mélenchon, s'est prononcé contre une participation au gouvernement.

Un appel à voter Hollande à la présidentielle. Puis un refus de participer au gouvernement. Après une percée à la présidentielle et une déconvenue aux législatives, le Front de gauche, PCF en tête, réfléchit à son avenir, mercredi.

Pierre Laurent a ainsi réuni une Conférence nationale portant sur l’opportunité d’une participation des communistes à l’équipe Ayrault II. Sauf surprise, la réponse a été "non". Un point de vue également partagé par le Parti de gauche de Mélenchon, autre composante du FG.

Mais cette stratégie de non-alliance avec le PS peut-elle être payante pour un Front de gauche dont l’indépendance aux législatives a peu convaincu ? "Nous avons payé cher notre autonomie", reconnaît l'ex-candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, déplorant au passage "l'énergie" déployée par les socialistes "pour essayer de faire perdre partout les candidats du Front de gauche".

 "Ne pas être les derniers à table"

Au final 10 députés ont été élus, dimanche soir, contre 19 sortants. Pour garder son groupe parlementaire à l’Assemblée, dont le seuil est fixé à 15 députés, le FG a donc dû faire alliance avec des élus "progressistes" d'Outre-mer. Les meubles sont sauvés, mais la désillusion est forte.

Dans ce contexte, pourquoi refuser la main tendue par les socialistes ? "Parce que  les membres du Front de gauche ne veulent par arrivés les derniers à table", explique à Europe1.fr le politologue Vincent Tiberj du Centre d’études européennes.

"Tous les ministères régaliens ont déjà été répartis. Qu’auraient-ils eu à gagner aujourd’hui ?", renchérit le politologue avant de répondre lui-même à la question : "Aujourd’hui, en entrant au gouvernement, les membres du Front de gauche auraient eu peu à gagner en terme de postes et beaucoup à perdre s’ils veulent incarner une alternance".

Le modèle du Linke allemand

"Incarner l’alternance", voilà le nouveau leitmotiv du FG. Et pas question de laisser la place à quelqu'un d'autre. Les dirigeants du parti restent traumatisés par la défaite à la présidentielle de 2007. A l’époque, le PCF avait réalisé son pire score de l’histoire de la Ve République, s’enfonçant en dessous de la barre des 2%, balayé par la LCR d’Olivier Besancenot, nouveau leader de la gauche de la gauche.

Aujourd’hui, "à moyen terme, le Front de gauche entend bien être ce parti qui dépasse le PS sur sa gauche" et être identifié comme tel, ajoute Vincent Tiberj. "La stratégie de Jean-Luc Mélenchon est donc de créer un parti comme Die Linke en Allemagne". Le mouvement, né Outre-Rhin en 2007, indépendant de la gauche traditionnelle, engrange les succès, dépassant même l’alliance des Verts.

Où en est l'alliance PCF - Parti de gauche ? 

Reste la question de l'organisation du FG. La création d'un vrai parti est toujours rejetée par le PCF. Mais preuve que l'heure n'est pas aux divisions, le FG organise son premier "Grand rendez-vous d'été" à Grenoble, les 25 et 26 août.

Par ailleurs, mercredi prochain, le parti doit rencontrer la Gauche anticapitaliste, un courant du NPA qui a déjà appelé à voter Mélenchon à la présidentielle et souhaite le rejoindre pour former un bloc de gauche indépendant du PS.