À Lyon, le chemin semé d'embûches de Gérard Collomb pour les municipales de 2020

Gérard Collomb derrière Georges Képénékian, qui a occupé le fauteuil de maire de Lyon pendant un an et demi.
Gérard Collomb derrière Georges Képénékian, qui a occupé le fauteuil de maire de Lyon pendant un an et demi. © ROMAIN LAFABREGUE / AFP
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Jean-Luc Boujon, à Lyon, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
De retour dans la cité rhodanienne après un an et demi au ministère de l'Intérieur, le maire Gérard Collomb a les élections municipales de 2020 dans le viseur. Une échéance délicate pour lui, très contesté localement.
ON DÉCRYPTE

Un mois après son départ du ministère de l'Intérieur, Gérard Collomb est redevenu, lundi, maire de Lyon, élu par le conseil municipal avec 41 voix sur 73. Ce fauteuil, c'est son ancien premier adjoint, Georges Képénékian, qui le lui avait gardé après son départ Place Beauvau, en mai 2017. Pourtant, s'il va pouvoir terminer son mandat, l'ancien "premier flic de France" est loin d'avoir partie gagnée pour les élections municipales de 2020.

Le départ du gouvernement mal vécu à Lyon ? D'abord parce qu'il y a eu cet épisode du départ du Ministère de l'Intérieur, que les Lyonnais n'ont pas adoré. Ils n'ont pas véritablement apprécié que Gérard Collomb force la main d'Emmanuel Macron pour s'en aller. Pour beaucoup, ce n'était pas au niveau. Ils pourraient s'en souvenir dans un an et demi.

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"Gérard Collomb, un autocrate". Il y a ensuite l'âge : Gérard Collomb aura 73 ans en 2020 et trois mandats au compteur, après une vie d'édile commencée en 2001. Et c'est ce que dénoncent justement 41 Lyonnais dans une lettre parue récemment dans la presse locale, engagés notamment dans le monde associatif. "Sur le fond et sur la méthode, on n'en peut plus de Gérard Collomb, il faut qu'il passe la main", insiste Jean-François, l'un des signataires, qui dénonce "une pratique politique qui met la ville en coupe réglée". "Il est plus que temps de nous laisser respirer. Gérard Collomb, tout le monde le sait, est un autocrate et tout le monde a peur. Ses collaborateurs qui ne sont pas d'accord se font virer, ses opposants politiques se font éliminer. Il y a un certain nombre de pointures socialistes qui avaient l'envergure pour prendre la suite qui se sont fait décimer depuis vingt ans."

Entendu sur europe1 :
On a beaucoup moins de manifestations et de militants. Et pour pouvoir accueillir les militants, il faut leur proposer du fond

Les Marcheurs démobilisés… Localement, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer un verrouillage du système. Par exemple, quand Gérard Collomb est devenu ministre, c'est sa femme Caroline, 42 ans, qui a été nommée à la tête d'En Marche à Lyon. Et ce que dénoncent aujourd'hui les Marcheurs de base, ceux qui ont fait l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, c'est l'absence de débat en interne. "On dénonce la méthode qui est appliquée localement, de ne pas écouter la base", critique Julie, coanimatrice d'un des comités locaux. "Ça se ressent dans les comités, on a beaucoup moins de manifestations et de militants. Et pour pouvoir accueillir les militants, il faut leur proposer du fond. C'est ce qu'on essaye de faire, mais ce n'est pas toujours évident."

… et la droite remontée. Dernière difficulté, et non des moindres : en 2020, Gérard Collomb aura forcément des adversaires face à lui. La droite sent que Gérard Collomb est affaibli. Et donc qu'il y a peut-être une fenêtre, dans un an et demi, pour récupérer la ville. Du coup, Les Républicains ont désigné leur candidat : il s'agit de l'actuel bras droit de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes, Étienne Blanc. Il n'est pas encore très connu à Lyon, mais il a du poids. Et c'est ce qui fait dire localement que la réélection de Gérard Collomb en 2020 est loin d'être acquise.