A l’approche de son congrès, climat morose à La République en marche

Christophe Castaner sera élu samedi délégué général de La République en marche. Probablement sans grand enthousiasme autour de lui.
Christophe Castaner sera élu samedi délégué général de La République en marche. Probablement sans grand enthousiasme autour de lui. © THOMAS SAMSON / AFP
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Le premier congrès de La République en Marche, samedi à Lyon, ne devrait pas se dérouler dans une folle ambiance, entre militants qui claquent la porte et cadres peu motivés.

La République en marche va franchir samedi à Lyon une nouvelle étape dans sa métamorphose en véritable parti politique. Dans la capitale des Gaules aura en effet lieu le premier Congrès (pardon, "Conseil") du mouvement, au cours duquel sera élu son pour élire son premier président (pardon, "délégué général"), qui sera Christophe Castaner, seul candidat en lice. Sauf que depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence, en mai, et la vague des législatives, en juin, l’enthousiasme semble être retombé. Des militants ont bruyamment annoncé leur intention de claquer la porte, et plusieurs cadres ne sont pas emballés.

La réunion de samedi pourrait donc manquer d’allant, malgré les venues annoncées du Premier ministre Edouard Philippe, du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin ou encore du secrétaire d’Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu, tous trois exclus des Républicains mais pas encore En Marche !.

"Digne de l’Ancien Régime". D’abord parce que la préparation du "Conseil" a été parasitée par le coup médiatique d’une centaine de futur ex-marcheurs. Ces "100 démocrates", comme ils se surnomment, ont annoncé mardi par le biais d’une tribune incendiaire qu’ils claquaient la porte du mouvement. LREM "offense les principes fondamentaux de la démocratie avec un mode d’organisation digne de l’Ancien Régime", écrivent ces cent anonymes, dont le nom devrait être dévoilé vendredi, à la veille de la réunion lyonnaise. Seule Tiphaine de Beaulieu, figure de proue des "marcheurs en colère", devenus ensuite "les Marcheurs de la République", s’est fait connaître.

Dans leur viseur notamment, la composition même du Conseil. Parmi les 750 personnes présentes, et qui voteront pour l’élection de Christophe Castaner à main levée, figurent 200 "marcheurs" tirés au sort, dont 40 parmi les animateurs locaux et 45 élus locaux. Les autres sont les membres du gouvernement, les parlementaires, les référents, et des élus de grandes collectivités territoriales. Bref, des cadres. Les 380.000 adhérents revendiqués de LREM n’auront donc pas voix au chapitre.

"Il n’y a pas de sujet". A l’approche du Congrès, les leaders de LREM s’attachent à défendre le fonctionnement du mouvement et à minimiser la fronde. "Il n'y a pas de sujet de fonctionnement démocratique dans ce mouvement", a assuré mercredi Benjamin Griveaux sur France Inter. Sur "386.000 adhérents, qu'il y ait une centaine de personnes qui, de manière anonyme - ne se retrouvent pas dans des statuts…", a balayé le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie.

"Un seul candidat, c’est naturel". "Quand je vois des partisans de la République en marche à chaque déplacement, je n’entends pas ça", a abondé Sébastien Lecornu sur France Info. "J’entends des gens qui veulent défendre l’action du gouvernement, qui restent très attachés à la personne d’Emmanuel Macron", a assuré celui qui n’est certes pas (encore ?) membre de LREM. Christophe Castaner seul candidat au poste de président ? "S’il n’y a qu’une personne, ça peut être naturel. On a connu des partis dans lequel tout était fait pour qu’il n’y ait qu’un seul candidat. Ce n’est pas le cas de la République en marche", a juré le secrétaire d’Etat.

 Quant aux signataires : "c’est facile de prendre une caméra et de râler", tacle Sébastien Lecornu.  "Tiphaine Beaulieu est dans un processus d'exclusion pour avoir manifesté contre Richard Ferrand avec le FN et Debout la République pendant les législatives", fait par ailleurs savoir la direction du mouvement au Figaro pour expliquer l’initiative de la frondeuse.

"On est obligés d'y aller". N’empêche qu’outre cette fronde d’une ampleur certes minime, le Congrès de samedi ne semble pas soulever les foules. "J'entends beaucoup de députés, de référents qui ne veulent pas forcément se déplacer. En même temps, c'est vrai que ce sera un moment plutôt formel", observe Cendra Motin, députée de l'Isère, interrogée dans Le Figaro, qui précise que Richard Ferrand, président du groupe à l’Assemblée, a mis une pression certaine sur ses troupes la semaine dernière.  "On est obligés d'y aller, on a reçu des convocations!", peste ainsi une parlementaire.

La réunion du premier Congrès de LREM, qui doit enfin structurer le mouvement, risque aussi de montrer que la passion des marcheurs est bel et bien retombée.