Sarkozy est reparti à l'offensive à Lambersart

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Louis Hausalter, envoyé spécial à Lambersart , modifié à
REPORTAGE E1 - C'est devant une salle comble que Nicolas Sarkozy a tenu le premier meeting de sa campagne pour la présidence de l'UMP, jeudi à Lambersart. 

"Si vous saviez comme je suis heureux de vous retrouver !". Cette phrase de Nicolas Sarkozy a fait mouche jeudi auprès de l'assistance venue l'écouter à Lambersart, dans la banlieue de Lille. Chaleureusement accueilli par une salle comble, l'ancien président a délivré un discours où il s'est posé en rassembleur. Mais le ton était très offensif, rappelant les accents de la campagne de 2012. Seul sur scène, derrière son pupitre, souvent interrompu par des applaudissements, Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP, a en effet quasiment repris le ton d'un candidat à l'Elysée, en consacrant l'essentiel de son discours à la critique d'un adversaire - François Hollande - et en appelant au "rassemblement" pour œuvrer au "redressement du pays".

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Beaucoup d'attaques. D'entrée de jeu, Nicolas Sarkozy a attaqué le chef de l'Etat. Sans le citer nommément, certes, mais l'agressivité était là. "La présidence dite normale? On imagine ce que ça aurait été si ça ne l'avait pas été", a-t-il lancé, attaquant son successeur sur sa célèbre anaphore : "que reste-t-il du 'moi président' ?". "Le nombre de mensonges, le nombre de gens à qui on a menti est si important, qu'aujourd'hui se répand partout en France, dans toutes les régions, dans toutes les catégories, une sourde colère", a affirmé Nicolas Sarkozy, reprenant ses propos prononcés lors de son interview sur France 2. "On s'attendait au pire. Au moins, de ce point de vue, nous n'avons pas été déçus !"

Nicolas Sarkozy a dressé en creux le tableau d'une France dévastée, selon lui, par la politique de l'exécutif. "Cette gauche qui est au pouvoir est devenue réactionnaire", a-t-il assuré. Pour lui, "on a abîmé le génie français", un terme qu'il a exalté à plusieurs reprises. L'ancien président s'est employé à renvoyer dos à dos le PS et le Front national, dénonçant leur "alliance objective". "Mme Le Pen a fait de moi sa cible privilégiée depuis des années. Je n'ai aucune leçon à recevoir de celle qui en 2012 a donné un fameux coup de main à son ami François Hollande", a-t-il accusé.

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Plusieurs autres cibles étaient dans le collimateur sarkozyste. Les syndicats, accusés d'"être sortis de leur rôle en appelant à voter comme un seul homme pour le candidat socialiste" en 2012. Les "élites" et "certains corps intermédiaires", qu'il veut contourner lorsqu'ils "chercheront à monopoliser un débat". 

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Quelques propositions. Tout le long de son discours, Nicolas Sarkozy a enfoncé la politique de l'exécutif pour mieux mettre en exergue sa vision. Par exemple en dénonçant "cette fuite en avant qui décourage le travail et encourage l'assistanat". En défendant "l'égalité des chances", mais pas "l'égalité formelle, l'aplatissement généralise, l'uniformité". Ou en accusant le gouvernement d'avoir détruit "pour le plaisir de détruire" la fusion des conseils généraux et régionaux, une réforme de son quinquennat, qu'il veut désormais soumettre au référendum.

Et un soupçon de mea culpa. Parmi les attaques, nombreuses, quelques traces de mea culpa. "Je ne veux pas que nous blessions par nos propos, par nos comportements, par notre énergie, ceux qui ne pensent pas comme nous. Je sais qu'il a pu m'arriver de le faire dans le passé, je le regrette", a-t-il reconnu. Plus concrètement, Nicolas Sarkozy a admis avoir "échoué" à "faire du RSA un instrument de réinsertion par et dans le travail". Mais l'ancien président a surtout insisté sur ses réformes, citant notamment le service minimum, l'autonomie des universités ou encore les retraites.

Énergique, mordant voire agressif, alternant gravité et ironie, le Nicolas Sarkozy de 2014 rappelle finalement celui de 2012. Même si, comme son interview télévisée, son discours reste empreint de la contradiction entre attaques frontales et volonté de "rassembler".