A l’UMP, eux sont pour le non-cumul

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ZOOM - Le projet de loi socialiste, qui agite la majorité, divise aussi l’opposition.

C’est, depuis des mois, un gros caillou dans la chaussure de la majorité. François Hollande a repris dans son programme de candidat, pour le plus grand plaisir de Martine Aubry, la promesse du Parti socialiste d’en finir avec le cumul des mandats. Problème : si les militants et les Français y sont favorables, les élus socialistes trainent la patte. Une indécision qui se retrouve également… à l’UMP

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978x489 LeLab - Copé et Fillon ont (presque) passé les vacances ensemble

L’opportunisme de Fillon ? Un temps pressenti dans la course aux municipales à Paris, François Fillon a finalement jeté l’éponge. Son argument est tout trouvé : selon lui, les Français ne veulent "pas qu'on fasse de la politique comme on en a fait dans le passé, où on se sert d'un mandat pour en conquérir un autre, où on explique aux Parisiens qu'on a un vrai projet pour Paris, puis, ensuite, deux ans après, on concourt à une autre élection", a-t-il déclaré sur Europe 1, jeudi matin.

Candidat à la primaire de l’UMP en 2016 en vue de concourir à la présidentielle de 2017, il ne pouvait donc pas conquérir Paris en 2014. CQFD. Et, accessoirement, cette justification a un autre avantage : mettre la pression sur Nathalie Kosciusko-Morizet, qui pourrait prendre Paris en 2014… et rêve de 2017. Et aussi sur son rival Jean-François Copé, favorable au cumul, alors que les Français y sont majoritairement opposés. D’une pierre deux coups.

Bernard Accoyer, le président de l’Assemblée nationale, le 8 septembre 2010. 930620

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Les historiques. Si François Fillon peut être soupçonné de plaider pour le non-cumul pour justifier sa reculade parisienne, d’autres portent cette idée depuis bien plus longtemps. C’est notamment le cas de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. En mars 2009, il affirmait ainsi sur France Inter que "ce qui complique la problématique, ce n'est pas tellement le cumul des mandats mais le cumul de fonctions", expliquant alors qu'un député pouvait être conseiller municipal mais pas être maire ou adjoint. Soit la proposition socialiste.

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Lui n’a pas non plus attendu que la loi soit votée pour s’en prévaloir. Quand Alain Juppé a annoncé qu’il ne serait pas candidat à l'élection législative en Gironde, en mai 2012, il a justifié son choix par sa volonté de se consacrer "à sa tâche municipale" et à la préparation des élections municipales de 2014 à Bordeaux, ville dont il est le maire. Et "nos concitoyens comprennent de moins en moins les cumuls de mandat", confiait-il alors à Sud-Ouest. Depuis, puisqu’il n’est plus en situation de cumul, l’ancien ministre des Affaires étrangères peut tancer les socialistes à sa guise. Et il ne s’en prive pas : "aujourd’hui qu’il faut passer aux actes, panique à bord. Tous les arguments sont bons pour ne pas tenir l’engagement pris", lançait-il en septembre dans un billet de blog intitulé Le bal des faux culs.

bruno le maire

Les modérés.Ni pour, ni contre, bien au contraire. Cédric Klapisch n’aurait pu trouver meilleure formule pour définir la position de certains cadres de l’UMP, qui se refusent à soutenir une proposition de la majorité… mais souhaitent malgré tout un encadrement du cumul des mandats. C’est notamment le cas de Bruno Le Maire, qui souhaite, "pour favoriser le renouvellement", que soit  limité "à trois le nombre de mandats nationaux successifs". L'ancien ministre s'est même dit, le 24 février 2013, "prêt à apporter sa voix" à la réforme par "cohérence".

xavier bertrand

Xavier Bertrand partage sa volonté de "ne pas pouvoir exercer plus de trois fois le même mandat", mais ne s’est pas exprimé sur son choix au moment de voter. L'ex-ministre Luc Chatel estime quant à lui, sans enthousiasme, que le non-cumul "c'est malheureusement le sens de l'histoire."

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Christian Estrosi souhaite aller plus loin encore que ses collègues. L’ancien ministre de l’Industrie a en effet déposé un projet de loi à l’Assemblée nationale, en 2011, dans lequel il prônait une limitation à "deux mandats consécutifs"… tout en affirmant que "le cumul des mandats entre local et national est indispensable [car] lui seul permet un meilleur ancrage dans les territoires". Ni pour, ni contre, bien au contraire…