À droite comme à gauche, la fracture sur les valeurs

François Fillon, avec ses positions très traditionnelles, réactive un vent réactionnaire.
François Fillon, avec ses positions très traditionnelles, réactive un vent réactionnaire. © Capture d'écran C8
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Antonin André, édité par M.B.
Les thématiques de la famille, le droit des femmes ou encore la laïcité s'imposent comme essentiels dans le débat politique. Et deviennent les nouveaux points de clivage.

Voilà plusieurs semaines que le débat s'enflamme. L'IVG est redevenu un sujet politique explosif, quarante ans après la loi Veil. Pendant la primaire de la droite, d'abord, mais aussi après, alors qu'une loi pour étendre le délit d'entrave au droit à l'avortement est examinée au Parlement. 

Bataille au Parlement sur le délit d'entrave. Pendant le scrutin pré-présidentielle à droite, c'était François Fillon qui avait rallumé la mèche, se disant hostile à l'IVG à titre personnel. Désormais, c'est Bruno Retailleau, filloniste et président du groupe LR au Sénat, qui reprend le flambeau en prévenant que la droite ne votera pas l'extension du délit d'entrave. Ce texte de loi s'attaque à des sites internet militants qui, sous couvert de diffuser une information objective sur le droit à l'avortement, s'attachent en réalité à dissuader les femmes. Des plateformes derrière lesquelles on retrouve, selon la ministre de la Famille Laurence Rossignol, les croisés anti-avortement qui, jadis, s'enchaînaient aux tables d'opération.

Vent réactionnaire. Parallèlement, Marion Maréchal-Le Pen surfe sur le débat et prône la fin du remboursement "intégral et illimité" de l'IVG. La gauche, elle aussi, se laisse emporter par ce vent réactionnaire sur des sujets différents. Arnaud Montebourg défend ainsi le retour d'un service civil ou militaire obligatoire de 6 mois pour les jeunes filles et garçons. Manuel Valls, défenseur d'une laïcité combattante, ressuscite quant à lui le Hussard noir de la République tel que décrit par Charles Péguy au début du XXe siècle : l'instituteur en uniforme sombre, incarnation de la sévérité et de la défense de l'école contre les religieux de tous bords. 

Lignes de fracture. Un début d'explication à ce vent réactionnaire se trouve sans doute dans la survenue des attentats de 2015 et 2016, qui ont provoqué un réflexe défensif. Le besoin d'autorité, mais aussi la nécessité de retrouver des valeurs communes, des références, se sont fait sentir. C'est la famille pour la droite, l'école de la République pour la gauche. Et si ces débats s'imposent durablement dans la campagne présidentielle, alors les valeurs pourraient bien devenir les vraies lignes de fracture, à droite comme à gauche. François Fillon, défenseur de la famille et de valeurs conservatrices, veut capter un électorat traditionnel parti au Front national tandis qu'à gauche, la question de la laïcité, radicale ou ouverte, oppose fortement Manuel Valls à Emmanuel Macron. Le débat entre conservateurs et progressistes ne se limitera donc pas aux questions économiques mais s'étendra aux sujets de société.