L’ombre de Le Pen plane sur le débat

© REUTERS
  • Copié
Fabienne Cosnay (avec agences) , modifié à
L’opposition reproche à Sarkozy de faire du "Le Pen light", le FN l’accuse de plagiat.

Déchéance de nationalité, lien entre délinquance et immigration, droits et devoirs des étrangers. Autant de thèmes fondateurs du Front national. Ils sont aujourd'hui au centre des débats entre majorité et opposition, la gauche fustigeant l’attitude de Nicolas Sarkozy accusé de droitiser son discours, le FN lui reprochant de copier leur chef, sans aller au bout de ses idées.

"Une offensive sécuritaire limite"

Pierre Moscovici n'hésite pas à considérer que Nicolas Sarkozy fait du "Le Pen light". "Il y a eu, cet été, une offensive sécuritaire extrêmement ambiguë et limite" qui "ne paraît pas respecter les principes mêmes de notre République", a déploré le député du Doubs. Se démarquant de l’avis exprimé par plusieurs socialistes (Arnaud Montebourg, Michel Rocard), Pierre Moscovici estime que le président n’est pas nazi, ni pétainiste, même s’il "joue avec des symboles et des thématiques" qu'on "n'a pas utilisés depuis la Seconde guerre mondiale".

"Un flirt conscient avec le FN"

Pour lui, le discours de Grenoble était parfaitement calculé et électoraliste. "Nicolas Sarkozy a flirté vraiment avec l'extrême droite" et "l'a fait de manière tout à fait consciente. "C'est stratégique", a assuré l'ancien ministre des Affaires européennes. Et de conclure : "Nicolas Sarkozy a commencé son quinquennat pas l'ouverture à gauche et il est assez tenté de le finir par l'ouverture à une extrême droite relookée, avec Marine Le Pen".

Un sentiment partagé par l'ancien secrétaire national du PS à l'égalité Faouzi Lamdaoui : "Nicolas Sarkozy anticipe les futures élections présidentielles et cherche, de toute évidence, à se rallier l'électorat de l'extrême droite. Le chef de l'Etat n'hésite pas à faire monter les enchères quitte à remettre en cause les fondements mêmes de la République" a-t-il dénoncé, dimanche.

"35 ans de retard sur Le Pen"

De son côté, le FN a, une nouvelle fois, reproché à Nicolas Sarkozy de marcher sur ses plates-bandes, ironisant sur les "35 ans de retard" du chef de l’Etat sur Jean-Marie Le Pen. "On parle de déchéance de la nationalité, mais ceci n'a d'intérêt que si cette déchéance est suivie d'expulsion", a tempêté Bruno Gollnisch, lors d’une conférence de presse, lundi. "Si on expulsait les délinquants étrangers et les doubles nationaux ramenés à leur nationalité d'origine (...) on viderait nos prisons des deux tiers", a-t-il poursuivi, en réponse au "Français ou voyou" de Christian Estrosi.

Le gouvernement, "c'est faire croire"

Aux liens entre la délinquance et l'immigration" établis par Frédéric Lefebvre sur Europe 1, Marine Le Pen a ironisé en estimant qu'il ne s'agissait que de "simple esbroufe" si le gouvernement n'en tire pas immédiatement toutes les conséquences. "En matière d'insécurité, la gauche c'est 'ne rien faire', le gouvernement c'est 'faire croire'. Et, parce que la France est coincée entre cet angélisme d'une gauche boboïsée et ce cynisme d'un gouvernement dépassé, la situation commence à échapper à tout contrôle", a-t-elle conclu.