Fillon recadre sèchement ses troupes

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Le premier ministre s’en prend à Rama Yade, Henri Guaino et Jean-Pierre Raffarin dans une interview dans Le Monde jeudi.

François Fillon hausse le ton, dans une interview au quotidien Le Monde eudi. "La Ve République ce sont des institutions très subtiles qui ne fonctionnent que si chacun est à sa place", lance ainsi le premier ministre. Alors que les dissensions se multiplient à droite, François Fillon enjoint ses ministres à ne pas livrer bataille "sur la place publique", dans des termes aux allures de recadrage.

Première visée, Rama Yade. "On ne peut pas être au gouvernement et en opposition avec la ligne du gouvernement", tranche le premier ministre à propos de la secrétaire d’Etat aux Sports. Celle qui s'est opposée aux arbitrages de sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, sur la question du "droit à l'image collective" (DIC) des sportifs, semble de plus en plus fragilisée au sein de l’exécutif.

Henri Guaino aussi a droit aux remontrances du chef du gouvernement. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy est jugé coupable de militer publiquement pour un grand emprunt massif. "Je pense que le président de la République ne souhaite pas qu'on s'exprime en son nom sur un sujet sur lequel lui et moi avons une approche cohérente", juge François Fillon, qui se désole également de l’appel de 63 députés UMP et Nouveau centre pour que le montant du grand emprunt se situe entre 50 et 100 milliards d'euros - lui évoque la somme de 20 à 30 milliards.

Revenant sur la fronde menée par Jean-Pierre Raffarin contre la réforme de la taxe professionnelle, il affirme que "la méthode est contestable". Et persifle, dans une attaque à peine voilée contre le sénateur de la Vienne, qui fut premier ministre entre 2002 et 2005 : "Beaucoup de ceux qui demandent le report de la réforme n'ont pas trouvé la force dans le passé de l'engager." Sur cette réforme il assure d'ailleurs qu'il maintiendra le cap, jurant qu'elle devra "être opérationnelle en 2010".

Espère-t-il rester à Matignon jusqu'en 2012? "La question n'est pas de savoir ce que je souhaite", élude François Fillon, soutenant à nouveau le principe de stabilité d'une équipe gouvernementale qui doit "durer pour réussir". "Sauf raison politique majeure", précise-t-il, sans en dire davantage, alors que se profilent des élections régionales qui s'annoncent difficiles pour la droite.