Départementales : ce "troisième tour" qui inquiète l'UMP

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Louis Hausalter , modifié à
PETIT PROBLÈME - Le FN pourrait se retrouver en situation d'arbitre pour l'élection des présidents de département. Ce qui ne fait pas les affaires de l'UMP.

L'UMP redoute les élections départementales. C'est un paradoxe, car sur le papier, c'est une véritable reconquête qui lui tend les bras. L'UMP et ses alliés contrôlent 40 départements depuis 2011 - contre 61 pour la gauche. Ils espèrent bien renverser ce ratio fin mars. Mais le Front national, qui recueillera le plus de voix si l'on en croit les sondages, compte bien jouer les trouble-fête.

En position d'arbitre. Les premières difficultés devraient apparaître entre les deux tours, lorsque l'UMP devra se prononcer sur d'éventuels duels FN-PS. On a vu lors de l'élection législative partielle du Doubs comment ce type de configuration pouvait dégénérer en psychodrame... Mais c'est surtout début avril, lorsque les nouveaux conseillers départementaux éliront leurs présidents, que les plus sérieux problèmes risquent de se poser. Lors de ce "troisième tour", le parti de Marine Le Pen pourrait se retrouver en position d'arbitre dans plusieurs départements. De quoi semer la pagaille.

"C'est un problème qui peut se poser", reconnaît le sénateur Eric Doligé, coordinateur des départementales pour l'UMP, interrogé par Europe 1. "Mais ce seront des cas très exceptionnels", assure-t-il. Pourtant, le FN, qui ne dispose aujourd'hui que d'un seul élu départemental, compte sur une importante percée dans plusieurs départements du Nord et du Sud-Est.

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Dans l'Oise, par exemple, le FN a rassemblé plus de 38% des voix aux élections européennes dans 13 cantons sur 21, selon les informations d'Europe 1. Dans ce département, c'est le député Edouard Courtial qui mène la campagne de l'UMP. "Selon toute vraisemblance, un ou deux cantons peuvent passer au FN", pronostique-t-il. "Mais je ne crois absolument pas en leur capacité de jouer un rôle charnière". D'autres départements sont dans le viseur de Marine Le Pen : l'Aisne, le Pas-de-Calais et surtout le Vaucluse, où le FN a cartonné dans la plupart des cantons aux européennes, et se présente face à une droite minée par ses divisions.

Le FN pour des accords au cas par cas. Le FN compte bien profiter de ce type de situation pour pousser ses pions, et n'exclut pas de conclure des alliances dans certains endroits. "Nous proposerons une sorte de charte avec un certain nombre de points d'accord sur la gestion du département", explique Nicolas Bay, secrétaire général du parti et directeur de la campagne. Mais il insiste : "nous ne sommes pas dans une logique de partis, nous parlons à des élus individuellement".

Sarkozy ne veut aucune alliance. Nicolas Sarkozy, lui, ne l'entend pas de cette oreille. "Tout responsable UMP qui conclura un accord avec le FN sera immédiatement exclu", a-t-il assuré la semaine dernière sur Europe 1. Une affirmation raillée par les frontistes. "Je ne suis pas sûr que Nicolas Sarkozy ait encore beaucoup d'autorité sur sa famille politique", ironise Nicolas Bay. "On l'a vu lors de la partielle du Doubs". De nombreux électeurs UMP s'étaient alors reportés vers le FN au second tour, en dépit de la consigne du "ni-ni".

Diriger un département à condition de s'entendre avec le FN : les élus UMP résisteront-ils à la tentation ? Le dilemme rappelle un mauvais souvenir à la droite : aux régionales de 1998, cinq présidents de région de l'UDF avaient accepté les voix du FN pour être élus, ce qui leur avait valu une exclusion du parti.

La majorité relative suffit. L'UMP peut toutefois compter sur un atout : le mode de scrutin. Un président de conseil départemental peut être élu avec une majorité relative, s'il n'obtient pas la majorité absolue aux deux premiers tours de scrutin. "Rien n'empêche qu'un président soit élu au troisième tour avec 35% des voix", explique Eric Doligé, de l'UMP, qui insiste : "c'est une problématique locale, qui se réglera au niveau local".

Côté FN, on ne cherchera pas non plus à pactiser systématiquement avec la droite. "Il n'est pas question de constituer des majorités hétéroclites", tempère Nicolas Bay. "Si les conditions ne sont pas réunies, nos conseillers départementaux resteront dans leur rôle d'élus minoritaires". Il n'empêche : Marine Le Pen compte bien sur ce scrutin pour creuser les fractures internes à l'UMP.

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