Manuel Valls.
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C.P.
En choisissant de passer la loi Travail sans vote, le gouvernement semble avoir définitivement fracturé une majorité déjà très affaiblie. Un choix risqué à un an de la présidentielle. 

"La majorité s'est effilochée". Le gouvernement a constaté mardi qu’il n’aurait pas de majorité à l’Assemblée Nationale pour voter la loi El Khomri qui réforme le Code du travail et Manuel Valls a donc déclaré qu’il se servirait du 49.3 pour la faire passer. Un passage en force qu'a décrypté sur Europe 1 le politologue et président du cabinet d'études ELABE, Bernard Sananès. "La majorité du gouvernement s’est, depuis l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, effilochée", a-t-il tout d'abord expliqué.

"Une implosion de la gauche". Selon Bernard Sananès, c'est "une véritable implosion de la gauche", "une chose qu’on a rarement vue, notamment à un an des élections présidentielles". En effet, le politologue a expliqué que d'ordinaire, "à un des présidentielles? on a tendance à se rassembler et à se mettre d’accord sur tout. Par exemple pour la droite, beaucoup de gens n’étaient pas pour Nicolas Sarkozy mais ils se sont ralliés car ils se sont dit ‘il peut nous faire gagner’". Selon le spécialiste, ce 49.3 montrerait donc, qu'au-delà de l’affaiblissement de l’exécutif, "une partie de la gauche considère que c’est perdu et donc, que ce soit perdu maintenant ou dans un an, cela ne change rien". 

"L'opinion est opposée à la loi Travail". "En 2012, nous avions publié un sondage très intéressant qui disait que les Français plaçaient François Hollande a équidistance entre la gauche et le centre-gauche et c’est justement, cette coupure qui éclate aujourd’hui, notamment sur les sujets économiques", a détaillé Bernard Sananès qui déplore "qu'en plus, sur la loi Travail, l’exécutif n’a plus le soutien de l’opinion. Quand le gouvernement avait engagé un 49.3 sur la loi Macron, il était soutenu par 60% de l’opinion, alors que cette fois ci, on a entre deux tiers et trois quarts des Français qui sont opposés à la loi Travail". 

Pour le président du cabinet d'études ELABE, "avec ce 49.3, le gouvernement veut en réalité montrer qu’il peut diriger jusqu’au bout. Et il espère pouvoir, pour une fois, s’appuyer sur des chiffres qui deviendraient moins mauvais et donc dire ‘regardez les premiers résultats sont là, donc faites-nous confiance’".