300.000 Libanais saluent la mémoire de Rafic Hariri

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Administrator User , modifié à
Quelque 300.000 Libanais se sont rassemblés mercredi dans le centre de Beyrouth pour célébrer le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri et soutenir leur gouvernement hostile à la Syrie, malgré l'attentat meurtrier de mardi, au nord de la capitale, interprété comme un acte d'intimidation.

Commerces, écoles et entreprises sont restés portes closes, mercredi, décrété jour férié par le Premier ministre Fouad Siniora. Les forces de l'ordre avaient été déployées en nombre autour de la tombe de l'ancien Premier ministre, sur la place des Martyrs à Beyrouth, où quelque 300.000 Libanais se sont rassemblés mercredi pour célébrer le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri. Barricades et clôtures barbelées ont été mises en place pour séparer les partisans de la majorité de ceux de l'opposition, qui campent depuis le premier décembre devant le Grand Sérail, siège du gouvernement, pour réclamer sa démission. "Nous sommes maintenant à l'heure de vérité, au dernier stade de la mise sur pied du tribunal international, dont l'avènement est pour bientôt, très bientôt", a déclaré son fils Saad, chef de file de la majorité anti-syrienne, s'adressant à une marée humaine mouchetée de drapeaux libanais et de ballons bleus, couleur de son Courant du futur. Le gouvernement libanais et le Conseil de sécurité des Nations unies ont donné leur feu vert à la mise sur pied de cette juridiction spécifiquement chargée de juger les assassins d'Hariri, faisant fi des objections du président pro-syrien Emile Lahoud et d'une opposition emmenée par le Hezbollah. Jugeant l'exécutif illégitime depuis la démission de cinq ministres chiites et d'un chrétien, celle-ci réclame sa destitution ou l'attribution d'une minorité de blocage. La majorité l'accuse quant à elle de faire obstruction à la mise sur pied du tribunal international, qui requiert encore l'approbation du Parlement. "Nous sommes prêts à toutes les décisions courageuses pour le bien du Liban (...), mais le tribunal international est l'unique moyen de parvenir à une solution", a poursuivi Saad Hariri, s'exprimant derrière une vitre blindée. Les ténors de la majorité se sont succédé à la tribune pour fustiger le régime syrien auquel ils imputent l'assassinat de Rafic Hariri et les nombreux attentats commis depuis. "Nous ne céderont rien au terrorisme, aux charges explosives et aux partis totalitaires", a promis Walid Djoumblatt, président du Parti socialiste progressiste et chef de file de la communauté druze, qui n'a pas hésité à traiter le président syrien Bachar al Assad de "singe", de "serpent" et de "boucher". "Cette année, le tribunal va venir et, avec lui, la sentence de mort", a-t-il insisté. Le chrétien Samir Geagea, leader des Forces libanaises, a quant à lui garanti que les criminels seraient "poursuivis dans le monde entier et jusqu'à la fin des temps", tout en assurant que Beyrouth saurait résister à la pression syrienne. Damas a toujours démenti toute implication dans l'assassinat de Hariri, qui a suscité l'indignation de la communauté internationale et précipité le départ des forces syriennes en 2005, au terme de 29 ans de présence.