2017, l'année du "chamboule-tout" politique

L'année 2017, marquée par l'élection présidentielle et les élections législatives, a vu les ténors de la politique française être effacés d'un coup d'un seul.
L'année 2017, marquée par l'élection présidentielle et les élections législatives, a vu les ténors de la politique française être effacés d'un coup d'un seul. © Thomas SAMSON / AFP
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David Revault d'Allonnes
L'année 2017, marquée par l'élection présidentielle et les élections législatives, a vu les ténors de la politique française être effacés d'un coup d'un seul.

Si 1968 était l'année érotique, 2017 était l'année de la balayette. Absolument toutes les têtes d’affiche qui écumaient notre vie politique depuis des décennies, ont disparu. François Hollande est tombé le premier, balayé par l’opinion avant même de pouvoir se présenter. Puis Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, par les électeurs de droite. Puis Manuel Valls, par ceux de gauche. Et enfin François Fillon, par ses propres affaires…

Tous ces professionnels du suffrage universel, ces têtes d’affiche de la première division française se sont comme évaporés, engloutis par le désir ardent des Français de couper des têtes. C’et vrai que c’est un petit peu une tradition chez nous depuis le 25 janvier 1793 et la décapitation d’un certain Louis XVI.

Alors, c'est une révolte ?

Non, sire, un révolution ! On s’est aperçus qu’en politique comme ailleurs, nul n’est indispensable. Ça parait fou, mais il y a quelques mois encore, personne n’aurait envisagé cette hypothèse. Je rappelle qu’à l’automne, beaucoup misaient encore sur un second tour entre Hollande et Sarkozy, dont personne ne voulait d’ailleurs. Et ceux qui auraient dessiné ce scénario de politique fiction d’un Emmanuel Macron élu président auraient été moqués. Donc oui, c’est bien une révolution, révolution culturelle du moins.

En témoigne le nouveau casting du gouvernement, ou celui de l’Assemblée nationale. Cette année 2017 a ouvert les fenêtres de la politique française, ou du moins de son personnel. Et ça, incontestablement, ça a fait du bien.

Révolution culturelle dites vous. Mais est-ce qu’elle va aller jusqu’au bout ? Est-ce qu’il n’y a pas un risque de retour en arrière ?

On peut toujours craindre le pire… Par exemple le retour de François Hollande et Nicolas Sarkozy en 2022. Non, trêve de plaisanterie, cette année a installé quelque chose sur lequel il sera difficile de revenir. Le canal historique, les vieux routiers ont pris un coup sur la tête. Mais toute la question est de savoir si finalement ce n’est pas une nouvelle génération de professionnels de la politique qui s’est installée et qui va, sinon continuer comme avant, du moins reprendre les travers des aînés.

Par exemple ?

On a vu qu’à l’Assemblée nationale par exemple, le changement avait été spectaculaire avec seulement 147 députés sortants sur 577 et 200 qui n’ont  jamais exercé le moindre mandat. C'est un vrai renouvellement en terme de ressources humaines, mais qui ne garantit pas le changement des pratiques. On l’a vu avec En Marche!, le parti présidentiel, qui a fait main basse avec ses alliés sur les postes de pouvoir à l’Assemblée. Ou encore avec l’élection du président du groupe, Richard Ferrand, à main levée. Du jamais vu. Tout ceci fleure quand même la vieille politique.

Donc dans le nouveau monde, il y a tout de même un peu de l’ancien monde…

Exact. Des novices, des nouveaux entrants et en même temps, comme le dit souvent Emmanuel Macron, des pratiques à l’ancienne. Un exemple frappant : alors qu'on nous a vendu une grande loi de moralisation de la politique, quatre ministres ont été contraints à la démission en quelques semaines, sur fond d’affaires. Dont le garde des sceaux et porteur de cette loi de moralisation, François Bayrou. Et une cinquième, la ministre du Travail est dans la tourmente. Comme quoi la rénovation a tout de même des limites.

Tout de même, il y a au moins l’apparence d’un véritable changement…

C’est vrai que du point de vue de l’image. Notre jeune président a frappé un grand coup. On l’a vu dès le soir du deuxième tour, sous la pyramide du Louvre. Il incarne non seulement la fonction, mais une certaine modernité. Surtout quand le compare avec son prédécesseur. Mais il y a quand même de sérieux doutes à lever sur ce qui passe derrière la vitrine, dans l’arrière boutique. La communication n’est pas tout. Le risque est que la transformation, le changement des pratiques soit uniquement cosmétique.