11-Novembre : qui a hué François Hollande ?

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ZOOM - Le chef de l’Etat a été sifflé sur les Champs-Elysées. 73 manifestants ont été arrêtés.

L’INFO. Ils étaient venus pour gâcher la fête et ils ont atteint leur objectif. Quelques dizaines de personnes ont hué François Hollande lundi pendant la cérémonie de commémoration du 11-Novembre à Paris. Coiffés pour certains de bonnets rouges, équipés pour d’autres d’un drapeau français, ces manifestants ont sifflé le chef de l’Etat lors de son passage sur les Champs-Elysées. 73 d’entre eux ont été interpellés, selon la préfecture de police. Mais qui étaient ces manifestants. Des citoyens mécontents ? Des militants de la Manif pour tous ou du mouvement breton des "Bonnets rouges" ? Des membres actifs de l’extrême droite ? Un peu tout cela à la fois en réalité.

Des représentants du Printemps français… Le mouvement né de la contestation contre le mariage homosexuel s’en défend, mais il est probablement l’un des instigateurs des incidents des Champs-Elysées. Manuel Valls a ainsi mentionné l’organisation au moment de réagir aux arrestations et aux huées. "Il s’agit de quelques dizaines d’individus liés à l’extrême droite, au Printemps français", a affirmé le ministère de l’intérieur. Des slogans comme "Hollande, ta loi on en n'en veut pas", entendus à moult reprises pendant les manifestations contre le mariage gay, laissent d’ailleurs peu de place au doute. D'autant que figure parmi les personnes arrêtées l'un des leaders du groupuscule.

Se trouvaient sur les Champs-Elysées "quelques dizaines d'individus liés à l'extrême-droite, au Printemps français, au Renouveau français", a décrit le ministre de l'Intérieur à la presse devant la place Beauvau à Paris. "Il y avait d'ailleurs des personnalités et des candidats du Front national qui se trouvaient sur les Champs-Elysées". Manuel Valls a par ailleurs dénoncé une action de personnes qui "n'ont pas voulu respecter ce moment de recueillement et de rassemblement" que sont les commémorations du 11 novembre. "Il y a eu par ailleurs de la violence à l'égard des forces de l'ordre d'où les nombreuses interpellations", a-t-il dénoncé.

Le Printemps français se défend dans un tweet :

…et de l’extrême droite. Outre le Printemps français, d’autres membres de groupuscules d’extrême droite se sont fait remarquer sur les Champs-Elysées lundi. Le collectif "François Hollande n’est pas mon président", proche du Bloc identitaire, avait ainsi donné rendez-vous à 11h11 près de la place de l’Etoile.

Le FN aussi à pied d’œuvre. Il refuse l’étiquette d’extrême droite, mais plusieurs membres du Front national étaient bel et bien présents pour siffler François Hollande en ce jour de commémoration. Plus tôt dans la matinée, le candidat FN à la mairie de Paris, Wallerand Saint-Just, et une vingtaine de soutiens qui se tenaient ainsi à quelques centaines de mètres de l'Arc de triomphe avaient été mis à l'écart par les forces de l'ordre. Ce que Marine Le Pen n'a pas manqué d'exploiter pour la défense de son parti. "Nos élus, nos candidats, n’ont pas pu participer d’aucune manière que ce soit, aux sifflets dont a été victime le président de la République pour une raison simple, c’est que le ministre de l’Intérieur les a faits arrêter préventivement, avant même que le président de la République ne mette les pieds sur les Champs-Elysées. Ce sont des méthodes qu’on voit dans des pays plutôt totalitaires", a asséné la présidente du FN au micro d'Europe 1. "Il n’en demeure pas moins que ça pose un vrai problème de fond. C’est que le président de la République ne peut plus mettre les pieds nulle part sans être hué, sans être malmené. Ça prouve qu’il y a quand même un problème de confiance entre le président et le peuple."

Des (faux) "bonnets rouges" ? Plusieurs manifestants arrêtés arboraient aussi le fameux bonnet rouge, symbole du mouvement breton d’opposition à l’écotaxe. Mais difficile parmi les manifestants portant le couvre-chef de déterminer lesquels étaient vraiment des "Bonnets rouges". Sur son compte Twitter, le collectif s’est félicité de la mobilisation, mais s’est aussi désolidarisé d’autres initiatives.

Pour Manuel Valls en tout cas, le mouvement breton n’avait rien à voir avec les incidents de lundi. "Il convient de ne pas tout mélanger. Les slogans qui évoquaient le mariage pour tous, n’avaient rien à voir avec la Bretagne", a ainsi déclaré le  ministre de l’Intérieur.

Et pour Christian Troadec, figure du mouvement breton, c'est bien l'extrême droite qui est à la manœuvre."Évidemment que chacun a compris que c’est encore une provocation de l’extrême droite. Mais personne n’est dupe aujourd’hui. Aujourd’hui, le Front national a montré à nouveau que c’est le poison de la Bretagne. Et on est l’antidote. On ne veut pas, nous en Bretagne, du FN. Ça montre que ces gens-là sont prêts à tout, mais c’est vraiment puant, minable", s'est emporté au micro d'Europe 1 le maire de Carhaix. "Et je félicite d’ailleurs Manuel Valls qui a fait preuve de discernement en disant clairement que ça n’a rien à voir avec le mouvement des Bretons."