Ne lâche pas ma main

© Mickaël Robin
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Victor Nicolas , modifié à
Une course poursuite à La Réunion, avec un coupable idéal et sa petite fille.

L’île de La Réunion, la piscine d’un hôtel, une ambiance farniente… C’est ainsi que débute Ne lâche pas ma main, le roman de Michel Bussi sélectionné par le jury grand public de mai. Très rapidement cela dérape. La jolie Liane Bellion disparaît, et son mari Martial passe pour être le meurtrier idéal. Les témoignages des employés de l’hôtel l’accusent tous sans ambiguïté. Pourtant le corps reste introuvable. Très vite un deuxième meurtre survient, et l’étau se resserre autour de Martial Bellion. Alors que les gendarmes de la brigade territoriale autonome de Saint-Gilles-les-Bains s’apprêtent à l’appréhender, il prend la fuite avec sa fille de six ans. S’ensuit une course poursuite haletante dans l’île.

Le lecteur suit les rebondissements d’une intrigue qui le plonge dans le passé de Martial Bellion. Il découvre la personnalité étrange de cet homme, et se demande jusqu’au bout s’il a véritablement l’étoffe d’un assassin. L’intrigue se déroule à toute allure en seulement trois jours. Chaque scène débute par l’heure à  laquelle elle se déroule, à la façon d’une série américaine au rythme tendu. Le style évoque un climat cinématographique. Le récit est décrit de l’extérieur, excepté certains passages où la petite fille de six ans est la narratrice. Elle non plus ne sait pas trop quoi penser de son père, dont elle découvre des zones d’ombres.

Cafres et Zoreilles

L’action explore différents endroits de La Réunion, les lagons, les plateaux de la Plaine des Sables, le volcan de Piton-Sainte-Rose ou encore les kartiers pauvres… Le lecteur suit des personnages métissés qui évoluent dans une réalité sociale difficile. Ces éléments géographiques – Michel Bussi est professeur de géographie – et sociaux se fondent dans l’intrigue, distillés au compte-gouttes. L’auteur plante son récit dans un parler réunionnais typique, avec des expressions locales : les allocations braguettes (pour allocations familiales), ou des dictons, comme celui qu’il met en exergue : « Fé lève lo mort » (Il est dangereux de faire resurgir le passé). Il décrit les différents groupes ethniques de l’île : Zoreilles - des métropolitains – Cafres, réunionnais d’origine africaine…

Les trois principaux enquêteurs représentent cette diversité. La capitaine Aja Purvi, née à La Réunion, est partie étudier en métropole, et conserve une aigreur vis-à-vis de celle-ci. Christos Konstantinov quant à lui vient de métropole. Arrivé sur l’île il y a trente ans, ce nonchalant profite des ti-punchs qu’il sirote sur des terrasses ensoleillés. Enfin Imelda est une Cafre mère de cinq enfants, une « sorte de Miss Marple » ronde et sensuelle, avec « un corps de chocolat, double crème, à s’en empiffrer ». Ils partent sur les traces du meurtrier, et mènent l’enquête jusqu’au rebondissement final.