Jeanne Cherhal, chanteuse à l'ère libre

Jeanne Cherhal a enfilé le costume de rédactrice, dans les locaux d'Europe 1, à l’occasion de la fête de la musique, samedi, .
Jeanne Cherhal a enfilé le costume de rédactrice, dans les locaux d'Europe 1, à l’occasion de la fête de la musique, samedi, . © Gilles Bassignac / CAPA Pictures / Europe 1
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INTERVIEW -  Les réseaux sociaux, les intermittents, la proximité avec son public, l'artiste se confie à Europe1.fr, à l'occasion de la Fête de la Musique. 

Elle n'hésite pas à le dire, l'enregistrement de son cinquième album, Histoire de J., sorti au printemps chez Barclay, s'est fait "à l'ancienne". Principalement sur des bandes analogiques donc, avec des musiciens qui jouent en studio en condition de scène. Et pourtant, cette artiste de 36 ans à la voix douce a bien les deux pieds fermement ancrés dans son époque. Être une chanteuse au temps des réseaux sociaux ? Ça veut dire adresser de courtes vidéos à son public via Facebook, répondre à ses fans qui veulent des détails sur ses textes ou encore, publier une chanson sur Youtube pour réagir à un événement de l'actualité qui l'a particulièrement émue. De passage à Europe 1, où elle s'est glissée dans la peau de la rédactrice en chef du site pour la Fête de la Musique, Jeanne Cherhal nous a parlé de son rapport, toujours aussi chaleureux, à son public et à son métier.

Les réseaux sociaux ? Elle gère. Même si elle les accuse d'être parfois très chronophages. Facebook, Twitter, lui permettent de s'adresser à sa communauté de fans. "Je trouve que c'est un outil formidable. Et très démocratique. Tout le monde peut poster une réaction à un fait d'actualité par le biais de sa page Facebook ou de son compte Twitter.  Ça ne me fait pas du tout peur". Et l'avantage, "c'est que ce n'est pas non plus intrusif, je ne me sens pas envahie par mon public". La Nantaise d'origine distille donc des vidéos quand ça lui chante, et répond aux questions, comme elle le sent, par exemple pour crier à ses fans que "OUI, [elle] vient dans le SUD!!!"

Ce qui a changé avec le public. "Presque rien. Les réseaux, ce n'est que du plus. Je peux avoir un rapport direct avec les gens. Si quelqu'un m'envoie une question très précise sur une chanson, je lui réponds", explique la chanteuse, qui dit avoir toujours aimé la proximité avec les gens. Même si elle ne raffole pas de rencontrer le public "une fois démaquillée, en gros pull et avec la serviette éponge autour du cou après un concert", sourit-elle, mais ça, "c'est comme tous les artistes".

Le retour à l'amour du vinyle. Même si la façon de diffuser la musique a beaucoup changé, Jeanne Cherhal "continue à réfléchir en termes d'albums, comme une histoire qui se déroule au fil de onze ou douze chansons". Depuis quelques années, la chanteuse a l'impression "qu'on a quand même besoin de se raccrocher à un objet, par le biais du vinyle notamment. Ça revient, cette envie d'avoir un bel objet, de le posséder."  

"Si je débutais aujourd'hui, ce serait la galère". Si elle avait commencé sa carrière en 2014, elle en est convaincue, ce serait plus dur. D'une part à cause de la concurrence, qui a explosé. D'autre part parce qu'elle fait de la chanson française, un style pas forcément facile à vendre. "L'offre est tellement énorme, qu'il faut réussir à sortir du lot parmi des milliers d'artistes qui démarrent chaque semaine. C'est vertigineux".   

>>> VIDEO - Découvrez un extrait d'Histoire de J., la chanson "J'ai faim", que Jeanne Cherhal interprète en live dans nos studios. 

Le combat des intermittents. C'est aussi le sien. Elle est elle-même intermittente. "Ce n'est pas un métier, ni une position sociale. C'est un statut précaire qui repose sur une assurance-chômage aléatoire", précise-t-elle. "Moi franchement, en tant qu'intermittente, il y a des mois où je préfèrerais avoir un salaire fixe ! Dans les discours, on a l'impression que les intermittents sont payés à rien faire. Alors qu'en tant que chanteuse par exemple, il y a plein de choses que je fais sans être payée. Un acteur, qui passe de longs moments à apprendre son texte, ou à faire des ateliers en prison par exemple, des choses qui sont utiles à la société…ça ne peut avoir lieu que grâce au statut d'intermittent. Et vraiment, ce n'est absolument pas un privilège." 

Et les émissions type The Voice ? "Ça m'attriste un peu. Je trouve ça dangereux", avoue la chanteuse. "C'est une sur-médiatisation pendant un petit laps de temps et, sauf cas vraiment exceptionnel, ça ne débouche pas sur une carrière. Donc je trouve ça complètement déséquilibré de démarrer comme ça. C'est illusoire et pas du tout constructif". Les chanteurs de ces émissions n'ont pas non plus le temps de savoir vraiment qui ils sont selon Jeanne Cherhal. "Et puis on va les obliger à chanter tel répertoire, alors que ça ne leur correspond pas…" Elle est donc "méfiante" et… "pas cliente". 

Jeanne Cherhal interprète sa chanson "J'ai Faim", issue de son nouvel album, Histoire de J. dans les studios d'Europe 1.

VIDÉO - "J'ai Faim", de Jeanne Cherhal, en live...par Europe1fr