Vis ma vie de nouveau maire

30.136 maires ont été élus au premier tour
30.136 maires ont été élus au premier tour © MaxPPP
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DES RESPONSABILITES ET DES SURPRISES - Pendant que certains turbinent pour gagner dimanche, les vainqueurs du premier tour découvrent déjà leur mairie.

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VICTOIRE ! La bataille pour l'écharpe tricolore prendra fin dimanche dans les 6.455 communes de France où un deuxième tour est organisé pour les élections municipales. Mais on oublie souvent que 30.136 candidats ont ravi le fauteuil de maire dès le premier tour. Pour eux, la "rentrée" a déjà eu lieu, le début d'une course de longue haleine. Première visite dans le bureau du maire, première rencontre avec les équipes en place : cette prise de fonction, qui reste informelle puisque l'entrée en fonction officielle n'aura lieu que lundi prochain, est une sacrée étape. Avec des surprises à la clé.

S'installer dans le fauteuil de M. le Maire. Pour ces maires fraîchement élus, le travail a souvent commencé en début de semaine. "J’ai rencontré la maire nouvellement élue dès le lendemain (de l’élection, ndlr.) pour fixer le jour de l’installation du nouveau conseil municipal", raconte à Europe 1 Louis Huguet, 71 ans, maire sortant de Gannat, 5.000 habitants dans l’Allier. "Je lui ai expliqué comment allait se dérouler la réunion, car elle n’était pas trop au courant", ajoute-t-il avec beaucoup de sympathie. "Et lundi, elle rentrera dans mon bureau. Pardon ! Dans le bureau du maire", s’excuse-t-il en riant.

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Quand la défaite a été douloureuse, cette première rencontre peut être tardive et vite expédiée, raconte un autre maire contacté par Europe 1. Ce nouvel élu s'est donc appuyé sur le directeur général des services de sa commune pour assurer la transition sur les dossiers prioritaires, notamment les gros travaux déjà engagés.

Il y a aussi des mauvais perdants. Michel Decker, ancien conseiller municipal et nouveau maire de Florange "pensait être au courant de tout, mais il y a sûrement des choses auxquelles on ne s’attendait pas". Première surprise, lors de sa semaine de travail officieux dans la mairie de cette commune mosellane : "90.000 euros à sortir pour un rond-point pas fini".

Si certains tiennent -sur le papier- à "assumer [leurs] responsabilités jusqu’au bout", comme l’écrit Philippe Tarillon, maire sortant de Florange, les egos peuvent se manifester pendant cette période. Dans certaines communes, des conseillers municipaux amers quittent le navire au plus vite, voire torpillent des projets, comme l’organisation de fêtes de village. L’exemple, venu d'Alsace, peut paraître anecdotique, mais tout est bon pour compliquer la tâche de la liste qui a écrasé la municipalité sortante.

Les équipes de fonctionnaires municipaux le savent bien : pendant cette semaine de transition, des signatures de contrats qui avaient traîné vont aussi se conclure à la va-vite. Le but : éviter à tout prix que la nouvelle équipe puisse revenir dessus. "L’équipe en place n’imaginait pas perdre les élections", raconte Nicolas Meary, qui a ravi la mairie de Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne. Dans sa commune, "la signature d’un contrat était prévue mardi prochain, mais il va falloir la repousser", explique-t-il, refusant de prendre une décision dans l’urgence.

Briois

Un nouveau budget, et sans tarder. Des urgences, les nouveaux maires y sont pourtant quotidiennement confrontés depuis l’annonce des résultats. En premier lieu, le budget, la grande angoisse des nouveaux élus. "Nous devrons présenter un budget à l’équilibre à une vitesse expéditive, à peine une semaine, et nous n’avons toujours pas le bilan financier de l’année 2013", se plaint auprès d'Europe 1 Steeve Briois, nouvellement élu sous les flashs des photographes à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.

Car cette année, les élections sont tombées plus tard qu’à l’accoutumée et les nouveaux conseils municipaux doivent voter les finances de la ville dans la précipitation. Certains, comme Louis Huguet à Gannat, ont voulu simplifier autant que possible la tâche à leur successeur. "Quand je suis arrivé en 1983, mes prédécesseurs n’avaient pas voté de budget et ça a été un exercice très difficile", se rappelle-t-il. Et rien n’empêchera la novice Véronique Pouzadoux, qui prend sa suite, d’ajuster les finances en fonction de sa politique.

Et comment gérer les électeurs, au fait ? Mais la plus grosse surprise, pour les nouveaux porteurs d’écharpe tricolore contactés par Europe 1, ce sont les "petits bobos" humains d’une ville, d’un village. "Depuis lundi, nous avons eu 200 appels à la permanence", s’est étonné Steeve Briois, à Hénin-Beaumont. Un autre maire raconte même avoir été gentiment pris à partie dès le soir de l’élection pour un rendez-vous non honoré par son prédécesseur malheureux. "Je ne m’attendais pas à être autant interpellé", s’étonne de son côté Nicolas Meary, de Brétigny-sur-Orge. La rançon du succès.

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