A Avignon, peur sur le festival

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avec AFP , modifié à
POLEMIQUE - Le directeur du célèbre festival menace de partir si le FN est élu. Le metteur en scène Jean-Michel Ribes plaide pour la "résistance".

Et si le festival d’Avignon n’avait plus lieu à Avignon ? Dimanche soir, à l’issue du premier tour des municipales, cette bien improbable hypothèse a pris corps. Car c’est le candidat FN, Philippe Lottiaux, qui a créé la surprise en arrivant en tête dans la préfecture du Vaucluse avec 29,63%. Or, le directeur de cette manifestation mêlant théâtre et spectacle vivant a prévenu qu’il songerait à délocaliser le festival en cas de victoire du Front national dimanche prochain. Le metteur en scène Jean-Michel Ribes l’a soutenu sur Europe 1 et appelé la manifestation à devenir, si nécessaire, un lieu de résistance.

"Je ne me vois pas travaillant avec une mairie Front National". C’est Olivier Py, la nouveau directeur du festival d’Avignon, qui a lancé la polémique lundi. "Je ne me vois pas travaillant avec une mairie Front National. Cela me semble tout à fait inimaginable. Donc je pense qu'il faudrait partir. Il n'y aurait aucune autre solution", a affirmé le dramaturge sur France Info. "Je ne vois pas comment, d'ailleurs, le festival pourrait vivre, défendre ses idées qui sont des idées d'ouverture, d'accueil de l'autre. Je ne vois pas comment le festival pourrait vivre à Avignon avec une mairie Front national, ça me semble inimaginable", a-t-il ajouté.

Alors qu'on l'interrogeait sur le précédent des Chorégies d'Orange qui avaient refusé la subvention de la mairie FN, Olivier Py a répondu : "Ca pourrait être une solution, refuser la subvention et que le festival d'Avignon soit uniquement national".  "Mais ça me semble, dans le cas d'Avignon, techniquement un peu plus difficile car ce n'est pas seulement un seul lieu, c'est toute la ville qui devient le festival", a conclu le directeur de cette manifestation majeure en France.

Philippe-Lottiaux-maxppp

"Avec ou sans M. Py". Philippe Lottiaux, le principal concerné, n’a pas tardé à réagir. Le candidat FN a estimé qu’Olivier Py n'était "pas propriétaire" du festival. "Il instrumentalise le festival d'Avignon pour des raisons personnelles, je trouve que ce n'est pas très brillant", a-t-il ajouté. "Aujourd'hui, le festival d'Avignon est une institution et on continuera à soutenir le festival d'Avignon, Avignon restera une ville de théâtre avec ou sans M. Py".

Ribes plaide pour "une formidable résistance". Sur le fond, Jean-Michel Ribes, metteur en scène, soutient sans faille Olivier Py. "Il a vu l’incompatibilité profonde entre la création l’art, le théâtre et un parti comme le Front national", a expliqué le directeur du théâtre du Rond-Point sur Europe 1, qui avait soutenu François Hollande en 2012. "Le Front national est quelque chose de tout à fait incompatible, dans ses thèses et dans son discours, avec ce que la création et la générosité du théâtre donnent, c’est-à-dire aller vers l’autre, aller vers l’étranger, aller vers celui qui est différent., ouvrir les bras au monde", a-t-il expliqué. "Je pense que là il a raison de le dire."

 

Mais le metteur en scène ajoute un bémol au discours d’Olivier Py. "Après, ce que j’espère, si jamais il reste là et qu’il y a le  Front national, c’est que ce festival d’Avignon soit une espèce de formidable résistance. Pour convaincre tous les gens qui ont voté pour le Front national, de ne plus jamais le faire", a-t-il plaidé. "Ce qu’on pourrait dire, c’est que c’est le moment ou jamais, à l’occasion même du festival, de faire des spectacles qui montrent l’absurdité et l’incompatibilité, dans un pays comme le notre, du Front national. D’attaquer ses théories racistes, d’attaquer cette extrême droite. Bref, à l’intérieur même d’une ville qui serait devenue extrême droite, ce que je ne souhaite pas,  d’avoir un rôle de résistance et d’irruption extrêmement violente contre leurs thèses absolument insoutenables", a-t-il insisté.

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