France Télé : coup d’arrêt de Mitterrand

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Aurélie Frex (avec AFP) , modifié à
Le ministre a dénoncé lundi un "problème déontologique" dans la vente de la régie publicitaire.

La vente de la régie publicitaire de France Télévisions s’est trouvé un nouveau détracteur : le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand. Déjà fortement critiqué, le rachat de cette régie par le producteur de télévision et homme d’affaires Stéphane Courbit semble désormais compromis.

Lors d’un déjeuner avec l’Association des journalistes médias (AJM), le ministre a déclaré lundi : "Je suis d’accord qu’il y a un problème déontologique". "Il va falloir qu’ils (ndlr les entrepreneurs potentiels) changent le périmètre de leur activité économique. Ils ne peuvent pas être juge et partie", a-t-il ajouté.

Une situation "mal aisée"

Parlant d’une situation "mal aisée à résoudre", Frédéric Mitterrand a ainsi fortement réduit les espoirs de Stéphane Courbit, qui était en négociation exclusive avec France Télévisions depuis février pour la cession de France Télévisions publicité (FTP). Certains syndicats, hommes politiques, professionnels de la publicité et producteurs de télévision s’étaient depuis opposés au projet, en raison du risque de conflit d’intérêt qu’ils y voient.

La société des auteurs et compositeurs dramatiques (Sacd) et la Société civile des auteurs multimédias (Scam) avaient d‘ailleurs indiqué la semaine dernière qu’elles considèrent que "les acquéreurs ont déjà des positions établies dans la production audiovisuelle et dans l’achat d’espaces publicitaires".

Autre conflit d’intérêt, révélé par Mediapart : le fait qu’Alain Minc, qui avait conseillé à Nicolas Sarkozy la fin de la publicité à France Télévisions, possède des parts dans la holding de Stéphane Courbit. 280 salariés travaillent pour FTP, qui commercialise des espaces publicitaires, pour un chiffre d’affaires de 410 millions d’euros.

Hausse possible de la redevance

Durant ce même déjeuner, Frédéric Mitterrand a évoqué une hausse "pas impossible" de la redevance. Il a jugé que ce scénario, destiné à financer la fin de la publicité, ne serait "pas choquant". Partiellement supprimée depuis janvier 2009, la publicité devrait totalement disparaître de France Télévisions fin 2011.

La taxe imposée aux télécommunications pour assurer le financement de la fin de la publicité est la cible d’une procédure d’infraction contre la France, menée par la Commission Européenne. "Il va falloir trouver les moyens d’abonder le manque à gagner éventuel", a déclaré le ministre, en évoquant le possible abandon de cette taxe.

- Y a-t-il un conflit d'intérêt dans le projet de rachat de la régie publicitaire de France Télévisions ?