Une équipe de Canal+ interpellée au Maroc en enquêtant sur une agression homophobe

© JOEL SAGET / AFP
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avec AFP , modifié à
Une équipe de l'émission "Le Petit Journal" a été arrêtée et expulsée du Maroc dimanche, alors qu'elle faisait un reportage sur une agression homophobe dans la ville de Beni Mellal.

Une équipe de journalistes enquêtant pour Canal+ sur une agression homophobe au Maroc a été interpellée dimanche dans le royaume, avant d'être expulsée, ont rapporté lundi des médias locaux et un militant des droits de l'Homme.

Selon le site en ligne Qushq, l'équipe de l'émission Le Petit Journal était arrivée dimanche dans la ville de Beni Mellal, dans le centre du pays, où s'est tenu lundi le procès d'un homosexuel et de ses agresseurs. L'équipe de Canal+ a été arrêtée quand elle a commencé à filmer des séquences sur le quartier où réside l'homosexuel, qui avait été agressé en mars avec un autre homosexuel dans un appartement.

Un responsable de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH) à Beni Mellal, Abdel Rahim Hajji, a confirmé l'arrestation des journalistes. Le site Média 24 a affirmé, citant des personnes accompagnant l'équipe de Canal+, que les journalistes avaient été interrogés après leur interpellation. Une source officielle non identifié citée par ce même site a précisé que l'équipe avait été interdite de filmer car elle ne possédait pas l'autorisation spéciale nécessaire. Aucun confirmation n'a pu être obtenue auprès des autorités.

Dénoncés par des habitants. Selon un journaliste de Canal+, un journaliste et un cadreur préparaient un sujet sur les droits des homosexuels et avaient déjà tourné à Casablanca et Rabat. A Beni Mellal, tous deux ont été "dénoncés par des habitants du quartier qui soutiennent les agresseurs". Ils n'avaient pas demandé d'autorisation, "qui ne s'obtiennent quasiment jamais ou bien trop tard". Pour cette raison, ils ont été arrêtés et ont passé une douzaine d'heures à la préfecture de Beni Mellal, avant d'être confiés à la police de l'aéroport de Casablanca. Ils ont passé la nuit sous surveillance avant d'être mis dans l'avion lundi matin, selon la même source. Leur sujet passera lundi soir au Petit Journal.

Expulsions "de plus en plus fréquentes". Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l'arrestation et l'expulsion des deux journalistes, estimant qu'ils faisaient "simplement leur travail". "Les expulsions de journalistes étrangers par les autorités marocaines sont de plus en plus fréquentes et sont extrêmement inquiétantes pour l'avenir de la liberté de l'information dans le pays", a ajouté la responsable de RSF pour l'Afrique du nord, Yasmine Kacha. Plusieurs associations réclament l'abrogation de l'article 489 du code pénal marocain selon lequel l'homosexualité est passible de trois ans de prison.