Moins fort, la pub !

Il n'y aura plus de différences de son entre les chaînes dès le 19 décemblre. Pour la publicité, il faudra patienter un peu plus.
Il n'y aura plus de différences de son entre les chaînes dès le 19 décemblre. Pour la publicité, il faudra patienter un peu plus. © MAXPPP
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avec AFP
Le CSA va fixer une limite d’intensité sonore, sur chaque chaîne et d’une chaîne à l’autre.

Chaque téléspectateur aura remarqué cette incommode bizarrerie : au moment de la publicité, le son de la télévision a tendance à s’amplifier sensiblement, le forçant à s’emparer en hâte de sa télécommande pour épargner ses oreilles. Le phénomène peut également se produire lors d’un bête changement de chaîne, inoffensif en apparence. Et bien tout cela ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir.  

Distinguer volume sonore et intensité sonore

A l'issue de plusieurs années de concertation entre diffuseurs, annonceurs et producteurs, la Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) a en effet fixé une limite à l'intensité sonore à la télévision. L’organisme a détaillé lundi les mesures qui s'appliqueront à toutes les chaînes, visant à ce que le son diffusé par les spots publicitaires ne soit pas différent de celui des autres programmes. La délibération du CSA fixe aussi le niveau d'intensité sonore qui devra être constant sur chaque chaîne et d'une chaîne à l'autre.

"En fait ce n'est pas le volume sonore qui est différent mais les caractéristiques du son qui le font apparaître plus fort", a précisé Michel Boyon, président du CSA, lors d'une conférence de presse. A volume égal, un son plus "dense" semble à l'oreille plus fort, a-t-il expliqué, justifiant qu’il fallait ainsi distinguer volume sonore et intensité sonore.

Cette différence est notamment le fruit d'une technique d'enregistrement: la compression dynamique qui augmente d'une certaine manière "l'épaisseur" des sons. A volume égal, un son compressé semble en effet beaucoup plus fort que le même sans compression. Le phénomène s'est aggravé avec la généralisation de la TNT qui a multiplié le recours à la compression dynamique, désormais jugée "excessive, à priori", par les services du CSA.

"La France,  premier pays d'Europe à régler ce problème"

Le problème est un vieux serpent de mer. Depuis 20 ans, le CSA reçoit en moyenne plus de trois plaintes par semaine concernant le volume sonore des publicités, sans qu'une chaîne soit plus visée qu'une autre, a souligné Christine Kelly, membre de l’organisme. Et le problème est remonté à de nombreuses reprises au pouvoir politique. Depuis le décret du 27 mars 1992, qui stipule que le volume sonore de la pause publicitaire "ne doit pas excéder le volume sonore moyen du reste du programme", jusqu’au 7 mai 2010, quand les députés ont voté, dans le cadre de la loi Grenelle II, un amendement allant dans le même sens. Mais rien n’a changé.

Désormais, le CSA se veut confiant. "Le téléspectateur n'aura plus besoin de baisser le volume avec sa télécommande quand arrive la pub ou quand il passe d'une chaîne à une autre", a promis Christine Kelly, responsable du groupe de travail "Publicité et défense du consommateur" au sein de l’organisme. L’ancienne journaliste de LCI affirme au passage que "la France sera le premier pays d'Europe à régler ce problème".

Pour cela, il faudra tout de même patienter un peu. Les téléspectateurs ne devraient plus percevoir de différence sonore en zappant d'une chaîne à une autre à partir du 19 décembre prochain. Deux autres phases d'amélioration suivront, les 1er janvier 2012 et 2013, concernant cette fois les programmes et la publicité.