"Les Inrocks" exprime ses "regrets" après la Une sur Bertrand Cantat

La Une des "Inrocks" dédiée à Bertrand Cantat a créé la polémique la semaine passée.
La Une des "Inrocks" dédiée à Bertrand Cantat a créé la polémique la semaine passée. © Capture d'écran Twitter Les Inrocks.
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Dans une lettre adressée à ses lecteurs, le magazine exprime ses "sincères regrets" à ceux qui se sont sentis blessés par la Une du 11 octobre consacrée à l'ex-leader de Noir Désir.

Près d'une semaine après la vive polémique suscitée par sa dernière Une, le magazine Les Inrockuptibles sort du silence. Mardi, dans un avis à ses lecteurs, l'hebdomadaire justifie son choix d'avoir consacré sa couverture à Bertrand Cantat et s'excuse du "désarroi", de la "souffrance", voire de "la haine" que cela a pu provoquer chez certains. "À ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets", écrit Les Inrocks.

Des discussions "animées" au sein du magazine. Fustigée par Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, condamnée par Laurence Rossignol, l'ancienne ministre du Droit des femmes, critiquée par des dizaines de personnalités et des centaines d'anonymes, la Une du 11 octobre a créé le débat au sein même du magazine. "De ces discussions nécessaires, qui furent animées et constructives, nous avons conclu plusieurs choses. D’abord que nous avions, et ce n’était pas là notre intention, ravivé une souffrance", constate la revue, qui pointe la concomitance de l'affaire Harvey Weinstein. Cette souffrance a "profondément touché" la rédaction, selon ses mots.

Un choix "contestable". Pour justifier son choix, Les Inrocks invoque l'importance pour les journalistes "d'aller questionner les zones d'ombre". "Le journalisme, ce n’est pas simplement une posture morale qui consiste à lever ou à baisser le pouce (…). En tant que journalistes, nous sommes là pour poser [des] questions. Et la question que soulevait notre article consacré à Bertrand Cantat est : pourquoi et comment faire de la musique quand on a tué une femme ? Une question bien trop vertigineuse pour appeler une seule et même réponse. Une question qui, pour certains, ne mérite même pas d’être posée, qui pour d’autres suscite encore des interrogations", peut-on lire dans la lettre. Et Les Inrocks de reconnaître : "le mettre en couverture était contestable".

"Les débats qui, la semaine passée, se sont fait jour, nous motivent aussi et surtout à poursuivre dans ces colonnes notre lutte contre les violences faites aux femmes", conclut enfin l'hebdomadaire, qui livre dans son numéro à paraître mercredi une enquête sur le milieu du cinéma après la révélation de l’affaire Weinstein.